Que se passe-t-il en Chine?

La récente dégringolade des marchés chinois (la plupart des indices chinois ont perdu 25% de leur valeur sur les dix derniers jours) a secoué la planète financière.

La récente dégringolade des marchés chinois (la plupart des indices chinois ont perdu 25% de leur valeur sur les dix derniers jours) a secoué la planète financière.

Leur chute s’explique d’abord par des dynamiques propres aux marchés : les indices avaient plus que doublé avant d’entamer leur chute, poussés par une frénésie que l’on qualifiera d’irrationnelle. Une telle hausse ne pouvait que prendre fin et être corrigée, d’autant plus qu’elle n’était pas du tout justifiée par la santé économique du pays. Intéressons-nous précisément à ces développements économiques, bien plus importants pour comprendre les perspectives futures.

Un ralentissement, mais lequel ?

L’économie chinoise ralentit depuis un certain temps déjà. La croissance, qui dépassait allègrement 10% par an il y a quelques années, peine à présent à atteindre 7%. Certes, un tel taux de croissance est toujours très élevé par rapport à nos standards (l’économie belge progresse actuellement à un rythme inférieur à 1,5%/an). Mais s’agissant d’un pays émergents, ce ralentissement pose question. Tout comme d’ailleurs la « qualité » de la croissance, basée sur les exportations et l’investissement. Pour que ces derniers soient financés, on a assisté au cours des 10 dernières années à une incroyable expansion du crédit, et plus récemment, à un engouement pour les marchés boursiers. Une telle croissance n’est pas tenable indéfiniment, et peut donner lieu à des investissements excessifs et à des troubles financiers.
On assiste donc d’abord à un ralentissement économique lié à l’incapacité des nouveaux investissements réalisés en Chine à générer autant de croissance économique que par le passé. Ce phénomène est d’ailleurs bien connu en économie et n’est pas grave en soi, aussi longtemps qu’il est maîtrisé. Notez malgré tout que ralentissement économique ne signifie pas que la Chine est entrée en récession. 
Mais l’histoire ne s’arrête pas là. L’engouement pour le crédit et les marchés boursiers lors de la phase de forte croissance a pu donner lieu à des bulles financières. L’éclatement de celles-ci, dont celle du marché boursier à laquelle on assiste actuellement, peut précipiter le ralentissement économique déjà présent, voire, dans le pire des cas, le rendre incontrôlable. En effet, la chute des marchés donne lieu à une diminution du patrimoine des investisseurs en bourse, ce qui peut ralentir leur consommation. Dans un pays où l’assise de la consommation des ménages reste très fragile, cela peut avoir un effet sur la croissance. Il est encore trop tôt pour savoir exactement dans quelle mesure l’éclatement de la bulle boursière se traduira par un ralentissement de la consommation (et de l’investissement), dans un contexte où, rappelons-le, l’économie décélère déjà.

Contagion à d’autres bulles ?

L’incertitude quant au ralentissement économique soulève enfin d’autres questions, dont celle de l’éclatement d’autres bulles financières. Comme dit précédemment, le crédit a très fortement progressé au cours des dix dernières années. Par exemple, en pourcentage du produit intérieur brut, le crédit domestique est passé en 10 ans de 133,6 à 169,2. Une mauvaise gestion de l’ensemble de ces dettes pourrait donner lieu à d’autres remous. C’est là une deuxième grande incertitude pesant sur l’économie chinoise.

Influence sur l’économie mondiale ?

Les éléments dont il vient d’être question concernent presque exclusivement la Chine. Les marchés financiers chinois sont en effet encore très fermés et souvent hermétiques aux investisseurs étrangers. Alors pourquoi les bourses mondiales ont-elles été influencées par le mouvement chinois ? La raison en est simple : la Chine est la deuxième économie mondiale (certains disent même la première…) et le plus grand consommateur de matières premières. Un ralentissement profond de la Chine aurait alors des conséquences sur le commerce mondial, et donc sur l’ensemble des économies. Certes, un tel cas de figure n’est pas avéré à ce jour, et nous pensons que si un ralentissement économique de la Chine est indéniable et inévitable, un écroulement de cette économie n’est à ce stade que pure spéculation. Ce n’est en tout cas pas notre scénario. Néanmoins, compte tenu de l’incertitude générée par une situation économique et financière plus fragile en Chine, les anticipations des marchés ont été soudainement influencées négativement, d’où un certain repli des bourses mondiales. Ce repli reste toutefois limité en comparaison à ce qui a été observé à la bourse de Shanghai. 


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Vanessa Zwaelens

Head of External Communication