Q&A Grèce
Un accord avec la Grèce est encore possible mais dans le cas contraire, limpact direct dun Grexit devrait rester limité limpact économique total dépend de la réaction des marchés financiers.
Six questions, six réponses.
1. Que se passe-t-il ?
Ce dimanche la Grèce va organiser un référendum par lequel la population devra donner son accord sur la dernière proposition de la troïka composée de la Commission européenne, la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI). Selon cette proposition, le gouvernement grec devrait continuer à faire des économies et imposer des réformes structurelles pour obtenir la dernière tranche d'aide d'urgence. La Grèce a besoin de ce soutien financier pour rembourser le FMI et la BCE. Le Premier Ministre grec Tsipras a décidé vendredi que son gouvernement ne pouvait pas statuer sur ce sujet. Bien quil y ait toujours une possibilité que le référendum naura quand même pas lieu si les négociations reprennent, la balle est donc maintenant dans le camp de la population grecque. L'avis du gouvernement grec est «non».
2. Que va-t-il se passer dici à dimanche ?
Des contrôles de capitaux ont été décrétés ce lundi pour éviter des retraits massifs cette semaine. Concrètement, cela signifie que les banques vont rester fermées jusquau referendum, que les Grecs ne pourront pas effectuer des retraits quotidiens supérieurs à 60 et que les transferts internationaux seront suspendus. La campagne pour le référendum battra son plein et prendra la forme dun vote pour ou contre ladhésion à leuro. Entretemps, la BCE continuera à soutenir le secteur financier grec via des prêts durgence car il faut absolument éviter que le peuple grec ne se retourne contre la BCE.
3. Et si les Grecs disent oui ?
Scénario vraisemblable. Selon un sondage de dimanche il semble que 58% des grecs souhaitent un accord avec la troïka et que deux sur trois veulent que la Grèce reste dans la zone euro. Un « oui » grec serait accueilli comme une confirmation de la position de la Grèce dans lunion monétaire. La question se pose alors de savoir ce qui se passera après. Le premier ministre Tsipras a annoncé mardi quil démissionnerait dans ce cas, car il lui serait impossible dimplémenter un plan quil rejette entièrement. Il est probable que lensemble du gouvernement en fera de même. Sil nest pas possible de mettre en place un gouvernement durgence soutenue par une majorité alternative au parlement (ce qui ne serait le cas que si Syriza éclate) alors de nouvelles élections seront inévitables. Ceci nous reporterait à quelques semaines de plus.
4. Et si les Grecs disent non » ?
Dans ce cas peu vraisemblable, un Grexit semble presque inévitable. Le gouvernement Tsipras sera renforcé par le referendum et dans ce cas se pose alors la question de savoir si les négociations pourraient redémarrer à nouveau. Limpasse pourrait encore durer même jusquau remboursement prévu le 20 juillet à la BCE. Après ce défaut de paiement grec, la BCE serait peut-être obligée de limiter les prêts durgence aux banques grecques, peut-être même sans décision politique des leaders européens, ce qui entraînerait inévitablement un Grexit. Si les banques ne reçoivent plus daide durgence, elles devront quand même être recapitalisées. Vu quil ny a plus de soutien international disponible, lunique option est que la Grèce recapitalise ses banques avec ses propres moyens via lintroduction dune nouvelle monnaie.
5. Quen est-il des échéances de ce mardi ?
Ce mardi il y avait une double échéance : la part européenne du programme de soutien à la Grèce a touché à sa fin et la Grèce devait rembourser 1,6 milliard deuros. Les deux échéances ont été dépassées. Ce sont cependant des problèmes techniques dordre juridique qui ne devraient former aucun obstacle si à la suite du referendum un accord politique fort est signé.
6. Quel peut être limpact sur léconomie européenne ?
Jusquau referendum les marchés dactions européens et leuro vont certainement saffaiblir étant donné que les investisseurs choisissent la prudence. En cas de « oui » grec, nous nous attendons à ce que les pertes de cette semaine soient partiellement récupérées, mais de lincertitude règnera aussi longtemps quil ny a pas daccord définitif ce qui pourrait encore durer des semaines.
En cas de « non » grec et le Grexit allant de pair, limpact économique direct sur les autres pays de la zone euro devrait rester limité. Ce que les pays de la zone euro ont prêté à la Grèce, qui représente environ 2 à 3% de leur PIB, est déjà intégré dans la dette détat et ne devrait être remboursé que dans plusieurs décennies. Lexposition au secteur privé via des prêts ou des participations dans des entreprises et des banques grecques a été presque entièrement réduite ces dernières années. Le plus grand impact dun Grexit serait annulé par la confiance de léconomie, mais ici aussi, nous estimons que limpact serait limité (de 0,3% à 0,5% du PIB cette année).
En termes financiers, les intérêts dans les pays principaux de la zone euro pourraient à nouveau diminuer, le taux allemand pourrait à nouveau diminuer à un niveau proche de 0%, et leuro pourrait continuer à descendre, parce que les investisseurs préfèrent les actifs sûrs. Les taux dans les autres pays de la périphérie de la zone euro pourraient alors commencer à augmenter, mais nous ne prévoyons pas de grandes envolées comme dans les années passées. Ces pays vont beaucoup mieux et la zone euro dispose maintenant de moyens pour éviter la « contamination ». La BCE pourrait augmenter son programme rachat mensuel dobligations détat pour limiter laugmentation des taux dintérêt des pays de la périphérie et pour soutenir un peu plus léconomie européenne.
Dans les deux cas, lincertitude persistera, et finalement, limpact économique total sur la zone euro dépendra de la façon dont réagiront les marchés.
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