Perspectives économiques et financières d'ING Belgique

L'économie en vitesse de croisière, mais l’investisseur ne peut plus rester en pilotage automatique

Bruxelles - Selon Peter Vanden Houte, économiste en chef chez ING Belgique, 2026 devrait à nouveau être une année de croissance modérée, avec une inflation évoluant vers l’objectif de la politique monétaire. Les taux d’intérêt pourraient encore légèrement baisser aux États-Unis, tandis qu’ils devraient se stabiliser en Europe. La croissance de l’économie belge devrait retomber juste en dessous de 1 % en raison de la politique budgétaire plus restrictive. Cependant, l’effort budgétaire reste insuffisant pour inverser la tendance haussière de la dette, exposant la Belgique, comme la France, au risque d’une nouvelle dégradation de sa notation de crédit.

2025 a été une année exceptionnelle sur les marchés mondiaux, et ces performances seront difficiles à égaler en 2026. Cependant, nous voyons encore de nombreuses opportunités dans différentes classes d’actifs. C’est pourquoi 2026 promet d’être une bonne année pour les investisseurs diversifiés, à condition d’une gestion active combinée à une bonne répartition régionale et sectorielle, souligne Vincent Juvyns, Chief Strategist chez ING Belgique.

Perspectives macroéconomiques : On prend les mêmes et on recommence

« En 2025, la volatilité et l'incertitude se sont accrues, mais l'économie a finalement mieux résisté que prévu. Il n'y a pas de véritable accélération à attendre en 2026, mais le risque de récession semble également limité », affirme Peter Vanden Houte, économiste en chef chez ING Belgique.

Une économie américaine à deux vitesses

Le retour de Donald Trump à la Maison Blanche n'est pas passé inaperçu avec, entre autres, le plus long "shutdown" de l’histoire des services publics fédéraux. L’effet sur la croissance économique de la guerre commerciale a été limité grâce à l’essor de l’IA, moteur de la demande intérieure et de la productivité. Malgré une hausse du chômage, la valeur accrue des actifs continue de soutenir la consommation des ménages.

Pour 2026, ce scénario devrait se poursuivre et la croissance pourrait être proche de 2%, soutenue par une stimulation budgétaire modeste qui devrait à nouveau se traduire par une croissance économique de l'ordre de 2 %. Les droits d’importation maintiennent la pression sur l’inflation, mais la désinflation des coûts du logement et la baisse des prix de l’énergie devraient inverser la tendance, permettant à la Fed de réduire prudemment ses taux sans descendre sous le niveau neutre (≈3 %).

« Les craintes de voir la Fed se plier à la volonté de D. Trump lorsque le successeur de Jay Powell sera désigné semblent un peu exagérées. Mais les désaccords au sein du conseil des gouverneurs pourraient s'accentuer, ce qui rendra peut-être la politique monétaire un peu moins prévisible », estime Peter Vanden Houte.

Le choc chinois 2.0

Malgré la guerre commerciale, les exportations sont restées un moteur de croissance essentiel pour l'économie chinoise en 2025. Toutefois, la Chine fait toujours face aux pressions déflationnistes à cause de la crise immobilière persistante. Pour atteindre une croissance du PIB d’environ 4,5 % en 2026, la demande intérieure devra être davantage stimulée. Le nouveau plan quinquennal du gouvernement reste principalement axé sur la création de capacités supplémentaires dans les secteurs stratégiques et sur l'autosuffisance. Il devient ainsi de plus en plus ardu pour les entreprises occidentales d’être présent sur le marché intérieur chinois, tandis qu’à l’échelle mondiale, les entreprises chinoises s’imposent désormais comme des concurrents majeurs dans des secteurs auparavant dominés par l’Occident.

« Nous vivons un choc chinois 2.0 : après avoir rendu les activités à forte intensité de main-d'œuvre économiquement non viables en Occident au début du 21e siècle, la Chine semble maintenant vouloir reproduire ce phénomène dans des activités plus sophistiquées sur le plan technologique », affirme Peter Vanden Houte.

L'Europe : Résiliente aux chocs, mais structurellement lente

La décision de l'OPEP d'augmenter fortement la production de pétrole et l'espoir d'une fin de la guerre en Ukraine ont fait baisser les prix du pétrole et du gaz, offrant un répit à l'industrie européenne.

Les travaux d'infrastructure prévus par l'Allemagne sont également attendus avec impatience, même si leur impact économique ne se fera pas sentir avant le second semestre 2026 au plus tôt. Le marché du travail tendu en raison de la démographie reste un frein à la croissance, ce qui force l'Europe à stimuler la productivité. Ces dernières années, la croissance s’est malheureusement concentrée dans des secteurs peu productifs, ce qui a freiné la progression globale de la productivité. Le PIB de la zone euro devrait croître de 1,2 % en 2026, contre 1,4 % en 2025.

Le budget plus restrictif de la Belgique devrait ramener la croissance en 2026 à un peu moins de 1 %. Néanmoins, l'assainissement budgétaire reste insuffisant pour inverser la hausse du taux d'endettement, comme en France.

« Il n'est donc pas étonnant que les primes de risque sur les obligations souveraines belges et françaises intègrent déjà un nouvel abaissement de la notation de crédit par les agences de notation », note Peter Vanden Houte.

Les taux d'intérêt de la BCE devrait rester stable

L'inflation européenne se rapproche de 2 % et pourrait même passer sous cette barre pendant plusieurs trimestres en raison de la baisse des prix de l'énergie. Mais il est peu probable que cela suffise pour provoquer une nouvelle baisse de taux de la part de la BCE, car elle considère le niveau actuel de 2% comme neutre.

Le potentiel de baisse des taux d'intérêt à long terme semble également limité.

« Dans un cycle économique normal, la différence entre le taux à 10 ans et le taux à 3 mois tourne autour de 100 points de base. C'est ce vers quoi nous semblons nous diriger aujourd'hui. Ajoutez à cela l'augmentation des dettes publiques et vous obtenez la recette pour des taux d'intérêt à long terme légèrement plus élevés » a déclaré Peter Vanden Houte

L’appréciation du dollar après l’élection de Donald Trump fut de courte durée : en 2025, il a fortement reculé face à l’euro. Bien que la devise américaine reste chère, ce qui maintient un risque de dépréciation à long terme, 2026 devrait marquer une phase de consolidation.

Stratégie d'investissement : Malgré des économies en vitesse de croisière, les investisseurs ne devraient pas passer en pilote automatique !

Des bénéfices solides et des rachats d’actions records

La croissance bénéficiaire et les rachats d’actions ont largement soutenu les marchés. Aux États-Unis, les sociétés du S&P 500 ont enregistré une hausse des profits de +13 % au troisième trimestre, soit presque deux fois les attentes, tandis que les analystes anticipent encore +14,3 % en 2026. En Europe, après une croissance bénéficiaire anémique en 2025, les bénéfices devraient croître de 12,5 % l’an prochain. En outre, on a observé une augmentation des programmes de rachats d’actions records de part et d’autre de l’Atlantique. Aux États-Unis, ceux-ci pourraient dépasser les 1 000 milliards de dollars en 2025, ce qui a contribué à soutenir les cours.

Des inquiétudes persistent : valorisations et concentration

Malgré ces succès, des préoccupations demeurent. Les valorisations sont élevées, notamment outre-Atlantique : les actions du S&P 500 se négocient à 25 fois les bénéfices attendus, soit 50 % plus cher que les actions non-US. Autre point sensible : la concentration des gains. Six valeurs (Nvidia, Apple, Microsoft, Alphabet, Amazon et Broadcom) représentent plus de 50 % des gains du S&P 500 cette année. Une baisse de régime de ces géants pourrait peser sur l’ensemble du marché. Enfin, les investissements massifs dans l’IA – estimés à près de 3 000 milliards de dollars sur 2022-2029 – suscitent des interrogations quant à leur impact sur les bilans des entreprises concernées.

Pas de bulle dans l’IA, mais vigilance

Pour autant, Vincent Juvyns se veut optimiste :

"Les géants de l’IA affichent des marges solides (30 %) et financent leurs dépenses par cash-flows opérationnels et non par crédit. » Les valorisations actuelles des « Sept Magnifiques » restent deux fois inférieures à celles des leaders Internet en 2000. De plus, ces entreprises sont largement plus rentables, avec un rendement sur capitaux investis de 25 % en moyenne. ING maintient une exposition « neutre » aux actions, mais voit des opportunités de diversification tant au niveau régional que sectoriel".

Diversifier : émergents, finance, santé et utilities

Compte tenu de la concentration du secteur IT aux États-Unis, ING veille à une bonne diversification régionale et sectorielle de ses portefeuilles. Vincent Juvyns privilégie notamment les marchés émergents « qui affichent des valorisations plus attractives, à l’instar du secteur technologique en Chine, qui se négocie à un ratio cours/bénéfices de 23,5, contre 28 aux États-Unis, et dispose d’atouts stratégiques comme l’accès aux terres rares ». Il souligne également que « le lancement de Deepseek en février 2025 illustre le dynamisme technologique asiatique ».

Au niveau sectoriel, ING privilégie notamment la finance, qui bénéficie de courbes des taux plus pentues et de bilans solides, la santé, qui est pionnière dans l’usage de l’IA, et enfin les utilities, qui profitent de la demande croissante d’électricité liée aux data centers et au minage de cryptomonnaies.

Dette d’entreprise et or : des piliers défensifs

Sur le marché obligataire, la dette d’entreprise conserve des fondamentaux solides : rendements plus élevés (4,2 % contre 3,1 % en moyenne sur 10 ans), maturités courtes et volatilité réduite. Les primes de risque négatives observées en 2025 pourraient se reproduire en 2026. Du côté des matières premières, l’or – à plus de 4 000 dollars l’once (+40 % en EUR en 2025) – reste soutenu par les achats des banques centrales, notamment en Chine. Avec des tensions géopolitiques persistantes et une corrélation faible avec les autres actifs, l’or demeure en outre un outil clé de diversification.

En résumé

2025 fut une année exceptionnelle, et ces performances seront difficiles à reproduire en 2026. Si 2026 devrait néanmoins être un bon cru pour les investisseurs diversifiés, une gestion active conjuguée à une bonne diversification régionale et sectorielle seront indispensables.

### Fin du communiqué de presse ###

Renaud Dechamps

Renaud Dechamps

Spokesman & Media Relations Manager, ING Belgium

ING-251205-Economic and Financial Outlook S1 2026.pdf

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