Perspectives économiques et financières d'ING Belgique

Un ralentissement de la croissance économique, avec un potentiel limité de baisses de taux, et des marchés financiers qui espèrent le meilleur tout en se préparant au pire

Bruxelles - Selon Peter Vanden Houte, économiste en chef chez ING Belgique, l'économie mondiale ralentira au second semestre en raison de la guerre commerciale. ​ Les tensions géopolitiques et les tarifs douaniers pousseront temporairement l'inflation américaine à la hausse, tandis que dans la zone euro, elle devrait se stabiliser. La Réserve fédérale va rester en position d’attente pendant un certain temps, tandis que la BCE en a presque terminé avec son cycle de réduction des taux d'intérêt.

Pour Vincent Juvyns, chef stratégiste chez ING Belgique, le récent épisode de brusque et temporaire sursaut de la volatilité sur les marchés financiers démontre une fois encore que l’investisseur a tout intérêt à rester investi, diversifié, et éviter l’excès de liquidités, dont le rendement réel demeure négatif. Après de grands chocs de marchés, privilégier un portefeuille diversifié plutôt que le cash a toujours été gagnant sur trois ans, avec en moyenne 22 % de performance supplémentaire. Encore faut-il opérer la bonne diversification… A cet égard, les actifs qui devraient continuer de surperformer sont à chercher dans les actions liées aux secteurs de la technologie et des banques, les obligations d’entreprises de bonne qualité crédit et l’or.

Perspectives économiques : Ralentissement de la croissance mais baisse limitée des taux d’intérêt

Les perspectives de l'OCDE, publiées récemment, mentionnent 330 fois les mots "incertitude" ou "incertain". En décembre de l'année dernière, ces mots n’étaient présents qu’à 60 reprises. Cela montre à quel point les perspectives économiques et financières sont actuellement assombries par des forces extérieures difficiles à évaluer. La guerre en Ukraine se poursuit, tandis que la situation au Moyen-Orient s'aggrave à nouveau. En outre, les politiques du président américain restent difficiles à prévoir.

« Pour nous, il est clair que des droits de douane plus élevés subsisteront. Étant donné que le Royaume-Uni, avec lequel les États-Unis ont un excédent commercial, a accepté un droit de douane américain de 10 %, il est clair que ce sera un minimum à l’encontre de l'Union européenne. Nous visons plutôt un niveau moyen d'un peu moins de 15 % sur les produits européens. Cela coûtera alors à l'Union européenne 0,15 point de pourcentage de croissance économique, a déclaré Peter Vanden Houte, économiste en chef chez ING Belgique.

Le consommateur américain sous pression

L'économie américaine est également affectée par les tensions commerciales. La hausse des coûts d'importation et l'incertitude pèseront sur la croissance économique. La question essentielle est de savoir si les consommateurs américains, qui ont contribué à la croissance à hauteur de 2 points de pourcentage en moyenne au cours des cinq dernières années, peuvent continuer à être le moteur de l'expansion économique. Entre-temps, l'excédent d'épargne créé pendant la pandémie a été épuisé, les défauts de paiement sur les crédits à la consommation augmentent et de petites fissures apparaissent sur le marché du travail. Certes, le budget 2026 inclura manifestement une certaine relance budgétaire (dont la majeure partie consistera à prolonger les réductions d'impôts temporaires accordées précédemment). Mais en attendant, l’activité devrait stagner au cours du second semestre 2025. La question de savoir s’il en résultera une récession reste actuellement... très incertaine.

Mirage en Europe...

À l'instar de la Chine, la zone euro a connu un premier trimestre vigoureux : une croissance de 0,6 % en glissement trimestriel, soit le taux de croissance le plus élevé depuis le deuxième trimestre de 2022. Il serait toutefois erroné d'en déduire que la zone euro entre en phase d’accélération de sa croissance, étant donné que les chiffres sont fortement faussés par les tensions commerciales. En effet, les exportations européennes vers les États-Unis ont fait un bond au premier trimestre, les importateurs américains cherchant à anticiper l'introduction de droits de douane. Cet effet jouera en sens inverse au cours des prochains trimestres.

En outre, les chiffres de la croissance de la zone euro sont fortement faussés par l'Irlande. Comme les multinationales américaines ont souvent délocalisé leur propriété intellectuelle en Irlande pour des raisons fiscales, les revenus des licences sont ajoutés au PIB irlandais, alors que dans de nombreux cas, il n'y a pas d'activité économique réelle en Irlande. Ce phénomène a manifestement contribué de manière disproportionnée à la croissance de la zone euro au premier trimestre.

Les tensions sur le marché du travail semblent s'atténuer quelque peu et les consommateurs le remarquent également, ce qui fait augmenter leur taux d'épargne et ralentir leur consommation. Dans le même temps, les entreprises ne sont pas pressées d'investir tant qu'il n'y a pas plus de clarté sur les droits de douane définitifs. Enfin, l'Europe est de plus en plus confrontée au "trade diversion", phénomène par lequel des pays comme la Chine, confrontés à des droits de douane américains plus élevés, tentent d’écouler une partie de leur capacité excédentaire en Europe. La croissance européenne risque donc d'être négative pendant les mois d'été. Pour l'ensemble de l'année, la croissance devrait être de l'ordre de 1 %.

...et en Belgique

L'économie belge a également enregistré de bons résultats au premier trimestre alors qu’elle dépasse la moyenne de la zone euro depuis des années. Ainsi, l'économie belge a progressé de 0,95 % en moyenne au cours des huit derniers trimestres. Ce chiffre est supérieur à celui de la zone euro, qui n’était que de 0,7 %. Mais si l'on exclut les dépenses publiques, la Belgique n'a progressé que de 0,45 % par trimestre.

« Compte tenu de l'exercice budgétaire difficile, il semble exclu que les dépenses publiques puissent continuer à croître plus rapidement que le reste de l'économie. Par conséquent, le taux de croissance de la Belgique sera inférieur à la moyenne de la zone euro tant cette année que l'année prochaine », affirme Peter Vanden Houte.

Inflation : tendances opposées

Les augmentations de production annoncées par l'OPEP et les craintes d'un ralentissement de la croissance ont fait baisser les prix de l'énergie au cours du premier semestre, bien que l'attaque israélienne contre l'Iran ait mis fin à cette baisse (probablement temporairement). La guerre commerciale aura également un impact sur le front de l'inflation. Une hausse temporaire de l'inflation américaine vers 4 % semble possible, tandis que dans la zone euro, le ralentissement de la croissance, la force de l'euro et l'augmentation des importations chinoises devraient maintenir l'inflation autour de 2 %. Ceci étant, l'inflation des denrées alimentaires reste élevée pour l'instant, ce qui n’a pas échappé aux consommateurs européens.

Dans ces conditions, la Réserve fédérale devrait attendre le quatrième trimestre avant d'assouplir progressivement sa politique monétaire. La BCE est déjà plus avancée dans son cycle de taux d'intérêt. Les taux d'intérêt à court terme ont probablement atteint leur niveau neutre.

« Ils pourraient encore être plus bas, mais il est clair que la BCE n'est plus désireuse de s’engager à nouveau dans des aventures monétaires, ce qui pourrait pousser l'inflation à nouveau fortement à la hausse plus tard. On peut supposer que la BCE cessera de réduire les taux d'intérêt au seuil de 1,75 % », a déclaré Peter Vanden Houte.

Crainte d'une augmentation des dettes

Le potentiel de baisse des taux d'intérêt à long terme est faible : la tendance sous-jacente est plutôt à la hausse. D'une part, il est logique que la courbe se normalise, ce qui signifie que les taux d'intérêt à long terme soient plus élevés que les taux à court terme. D'autre part, la nouvelle augmentation attendue des dettes publiques, en particulier si le budget proposé est approuvé aux États-Unis, implique une augmentation de la prime de terme.

« Ajoutez à cela le fait que la BCE a également réduit son portefeuille d'obligations à un rythme plus rapide depuis le début de l'année. Or, ces achats ont fait baisser les taux d'intérêt à long terme d'environ 1,8 point de pourcentage dans le passé. Cet effet est maintenant progressivement annulé », a précisé Peter Vanden Houte.

Remise en cause du statut de monnaie de réserve du dollar.

Certaines déclarations et initiatives de la nouvelle administration américaine ont suscité des doutes sur les marchés financiers quant à l'avenir du dollar en tant que monnaie de réserve. C'est l'un des facteurs qui a exercé une pression à la baisse sur le dollar. Cependant, changer de monnaie de réserve est un processus à long terme et tant que la zone euro ne disposera pas d'un marché des capitaux unifié, il restera difficile pour l'euro de rivaliser avec le dollar. Le marché a déjà réduit son positionnement sur le dollar. Dès lors, le cours actuel semble déjà intégrer un grand nombre de nouvelles négatives. Le dollar devrait continuer à osciller autour de 1,15 dollar par euro au cours du second semestre.

Stratégie d'investissement : Espérer le meilleur, tout en se préparant au pire !

Le premier semestre a été marqué par un retour brutal de la volatilité.

L’annonce de droits de douane américains bien plus élevés qu’anticipé a mis fin à l’exceptionnalisme américain. Ce revirement a pris les marchés par surprise, provoquant un désengagement rapide des investisseurs vis-à-vis des actifs américains. Le dollar en a été particulièrement affecté, comme en témoigne son repli de près de 12% face à l’euro depuis la mi-janvier.

Les indices boursiers américains ont également souffert puisque, après avoir culminé à plus de 6.100 points en février, le S&P 500 a ensuite reculé de plus de 20 % en raison du « Liberation Day » avant de rebondir en avril et mai grâce à la résilience des bénéfices dégagés par les entreprises.

Ce climat tendu s’est traduit par un pic de la volatilité du S&P 500, comme l’illustre l’indice VIX qui est passé au-dessus de la barre des 50, un niveau qui n’avait plus été atteint depuis la pandémie de 2020 ! Plus surprenant encore, l’indice MOVE, qui mesure la volatilité sur les marchés obligataires US, a lui aussi bondi, signe que l’incertitude s’est propagée à toutes les classes d’actifs. Du coup, l’initiateur des tensions commerciales, Donald Trump, a dû temporiser son discours pour apaiser les marchés obligataires. La sérénité n’est toutefois pas totalement revenue car les inquiétudes des marchés se sont désormais reportées sur la soutenabilité de la dette publique des États-Unis, en particulier après la relance du débat sur une nouvelle baisse de la fiscalité.

Rester investi, diversifié, actif et éviter l’excès de liquidités

Face à cette instabilité, l’approche prônée par Vincent Juvyns, chef stratégiste auprès d’ING Belgique, a consisté à profiter du trou d’air des actifs à risque en avril et de la baisse des valorisations boursières sous leurs moyennes historiques, pour racheter des actions à bon compte, en particulier, en Europe.

Une décision qui s’est révélée payante et qui illustre, une fois encore, que l’investisseur a, insiste Vincent Juvyns, « tout intérêt à rester investi, diversifié, et éviter l’excès de liquidités, dont le rendement réel demeure négatif. »

Historiquement, les données montrent d’ailleurs qu’après les grands chocs de marché, privilégier un portefeuille diversifié plutôt que le cash a toujours été gagnant sur trois ans, avec en moyenne 22 % de performance supplémentaire.

« Le scénario intégré par les marchés est, poursuit Vincent Juvyns, celui d’un ralentissement économique, mais sans récession. Le puissant et rapide rebond des actions en mai a ramené les valorisations boursières à des niveaux qui ne peuvent plus être considérés comme réellement attractifs ».

L’indice des principales actions mondiales (MSCI World All Countries) se traite actuellement à 18,2 fois les bénéfices attendus, contre une moyenne à long terme de 16 fois. Mais cela reste tout de même raisonnable au regard des perspectives bénéficiaires : la croissance des bénéfices attendus pour 2025 et 2026 reste robuste, à respectivement 7,7 % et 12,6 %.

Des perspectives qui continuent de plaider en faveur des actions, mais sans pour autant justifier de les surpondérer en portefeuilles, car les marchés doivent encore composer avec de nombreuses incertitudes, notamment commerciales et géopolitiques, qui peuvent être à l’origine de sursauts de la volatilité.

L’IT et les banques en tête de gondole

« Le surplus de rendement à attendre des actions devrait, poursuit Vincent Juvyns, davantage provenir au second semestre des choix sectoriels que régionaux. A cet égard, c’est le secteur technologique qui devrait surtout se distinguer avec une croissance bénéficiaire attendue de 19% en 2025 et 17,3% en 2026 ».

Autrefois secteur cyclique, le secteur technologique se distingue aujourd’hui par une demande de plus en plus inélastique pour les biens et services qu’il commercialise. Même en cas de ralentissement conjoncturel, personne ne songe à annuler son abonnement Cloud ou ses applications de bureau. En outre, le déploiement exponentiel de l’intelligence artificielle et sa monétisation croissante offrent un potentiel de performance important pour les prochaines années.

Le secteur bancaire est également intéressant car il bénéficie de la volatilité des bourses qui fait tourner les salles de marchés à plein régime. En outre, la baisse des taux en Europe entraine une augmentation de la demande de crédit des entreprises et des particuliers, ce qui soutient l’activité commerciale des banques. Enfin, on note de plus en plus de rapprochements entre institutions bancaires sur le Vieux Continent, ce qui crée également de la valeur pour les actionnaires.

La dette d’entreprise de bonne qualité crédit, a toujours le vent en poupe…

Les obligations souveraines demeurent utiles en cas d’augmentation du risque de récession. Elles ont d’ailleurs affiché des performances positives cette année lorsque les marchés ont envisagé un tel scénario dans le sillage du Liberation Day. En revanche, elles ont été peu efficaces lorsque l’attention des marchés s’est déplacée vers le risque de soutenabilité de la dette publique aux Etats-Unis. La hausse de la corrélation entre marchés actions et obligataires a contraint les investisseurs à chercher de la diversification ailleurs. Une solution consiste, selon Vincent Juvyns, à privilégier la dette d’entreprise de bonne qualité (disposant d’un rating supérieur à « BB+ ») en zone euro. Les fondamentaux de ces entreprises se sont nettement améliorés ces dernières années, avec un endettement rapporté au PIB en baisse et des maturités plus courtes, ce qui les rend plus réactives aux évolutions de taux. Le surplus de rendement offert par les obligations « Investment Grade », même s’il a diminué, reste attractif autour de 1 %.

… tout comme l’or

Enfin, l’or reste un pilier de l’allocation d’actifs. Il a démontré sa capacité à diversifier efficacement les portefeuilles dans les phases de tensions extrêmes. Son rôle reste central, notamment dans un environnement où les tensions géopolitiques et la défiance vis-à-vis du dollar persistent.

« À plus long terme, nous nous dirigeons », souligne Vincent Juvyns, « vers un système monétaire plus multipolaire, dans lequel le dollar conservera vraisemblablement une place prépondérante, mais où l’euro, l’or et certains cryptoactifs gagneront du terrain. En plus de notre exposition à l’or, nous poursuivons également une stratégie de couverture opportuniste de notre exposition au dollar. »

### Fin du communiqué de presse ###


Informations complémentaires

Press Office ING Belgium

ING Belgium

H2 2025 Outlook June 2025.pdf

PDF - 5.2 Mb

 


A propos d'ING

ING Belgique est une banque universelle qui propose des services financiers aux particuliers, aux entreprises et aux clients institutionnels. ING Belgique SA est une filiale d’ING Group SA, via ING Banque SA (www.ing.com).

ING est une institution financière internationale solidement ancrée en Europe qui propose des services bancaires par l’intermédiaire de sa filiale d’exploitation ING Bank. L'objectif d'ING est d’aider ses clients à conserver une longueur d’avance dans la vie et dans les affaires. Le personnel d’ING, qui compte plus de 60 000 employés, propose des services bancaires pour particuliers et entreprises aux clients de la banque répartis dans plus de 100 pays.

Les actions du groupe ING sont cotées aux bourses d'Amsterdam (INGA NA, INGA.AS), de Bruxelles et à la bourse de New York (ADRs : ING US, ING.N).

ING vise à placer le développement durable au cœur de ses activités. Nos politiques et nos actions sont évaluées par des instituts de recherche et de notation indépendants, qui les mettent à jour chaque année. Le score Environmental, Social and Governance (ESG) d'ING par MSCI a été reconfirmée par MSCI comme " AA " en août 2024 pour la cinquième année. En décembre 2023, Sustainalytics considère la gestion des risques matériels ESG par ING comme "forte". Notre note de risque ESG actuelle est de 17,2 (risque faible). Les actions du groupe ING sont également incluses dans les indices de durabilité les plus importants et ESG des principaux fournisseurs. En voici quelques exemples : Euronext, STOXX, Morningstar et FTSE Russell.