Perspectives économiques et boursières 2017 d’ING Belgique
En 2016, ce sont surtout les développements politiques qui ont mobilisé notre attention : le référendum sur le Brexit, la surprenante victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines et le référendum constitutionnel italien.
L’incertitude politique cache une relance économique
En 2016, ce sont surtout les développements politiques qui ont mobilisé notre attention : le référendum sur le Brexit, la surprenante victoire de Donald Trump aux élections présidentielles américaines et le référendum constitutionnel italien. En 2017 aussi, le calendrier s’annonce chargé : les élections aux Pays-Bas, en France, en Allemagne, et peut-être également en Italie, sans compter le début des négociations sur le Brexit et les probables nouvelles discussions concernant la viabilité de la dette grecque.
Bien que, globalement, les prévisions quant aux évolutions politiques en 2016 n’aient pas été particulièrement couronnées de succès, il y a de grandes chances pour qu’en 2017, on puisse contourner tous les obstacles politiques sans qu’il y ait trop de dégâts. « Si l’on regarde l’évolution de la confiance du consommateur dans les différentes tranches de revenus, c’est surtout l’Italie qui semble réceptive à la vague populiste, tandis qu’ailleurs, cela devrait mieux se passer. » déclare Peter Vanden Houte, Chief Economist d’ING Belgique.
Entre-temps, la relance économique se poursuit. Après un affaiblissement en 2016, l’économie américaine pourrait passer à la vitesse supérieure en 2017 et 2018, grâce aux mesures économiques de Donald Trump, ce qui aurait probablement pour conséquence une hausse de l’inflation.
Malgré toutes les difficultés politiques, l’économie européenne s’en sort également plutôt bien. La reprise est à présent « auto-alimentée », avec une diminution du chômage, une augmentation de la consommation et des investissements qui redémarrent. Le secteur de la construction, qui sort d’une période de récession d’environ sept ans, remonte la pente. Et même si l’incertitude politique peut ralentir un peu la reprise, le risque de rechute en récession semble négligeable.
Les pays émergents, qui reprenaient espoir suite à l’augmentation des prix des matières premières dans le courant de l’année 2016, sont bel et bien vulnérables face aux éventuelles mesures protectionnistes et à la hausse des taux d’intérêts aux États-Unis. Qui plus est, la surchauffe du marché de l’immobilier chinois pourrait rendre à nouveau la croissance chinoise plus volatile en 2017
Le risque déflationniste s’estompe peu à peu, et pas uniquement aux États-Unis. Même si l’inflation reste basse dans la zone euro, les premiers signes d’augmentation des prix à travers la chaîne de production sont tout de même tangibles.
La tendance des taux d’intérêt aux États-Unis est aujourd’hui plutôt à la hausse, et l’Europe semble aussi être sur le point de suivre, avec un certain retard. Même si la BCE, de par sa politique de liquidité surabondante dans les marchés monétaires, maintient les taux d’intérêt à court terme négatifs encore pendant deux ans, les taux d’intérêt obligataires pourraient anticiper la fin de l’assouplissement quantitatif plus tôt, ce qui résulterait en une courbe des taux plus pentue. « Les taux d’intérêt à long terme sont à présent clairement influencés par deux tendances opposées. » déclare Peter Vanden Houte. « D’un côté, l’embellie conjoncturelle plaide en faveur de taux d’intérêt plus élevés. De l’autre, les tendances structurelles, telles que la démographie et l’évolution de la productivité, mettent une limite au potentiel de hausse du taux d’intérêt.»
Certains pensent que la politique de Donald Trump est une copie des mesures économiques de Reagan et qu’elle aura pour conséquence un dollar plus fort. Il est en effet à nouveau de plus en plus vraisemblable que le dollar atteigne la parité avec l’euro. Cependant, il faut garder à l’esprit que le dollar était particulièrement sous-évalué au début de son appréciation rapide sous Reagan, alors qu’il est déjà cher aujourd’hui, ce qui limite son potentiel ascendant.
Les actions « value » sous le sapin
Même si le risque politique pourrait encore jouer les trouble-fête, 2017 devrait être une année de transition à plus d’un titre sur les marchés financiers. Pour la première fois depuis 2006, on pourrait assister à un passage de témoin entre autorités monétaires et fiscales. Les principales banques centrales n’allant vraisemblablement plus, après avoir racheté près de 25.000 milliards de dollars d’actifs financiers (l’équivalent du PIB des Etats-Unis et du Japon), accroître leurs programmes d’assouplissements quantitatifs, ce devrait être au tour des pouvoirs publics de prendre des mesures pour soutenir la croissance. Donald Trump et son programme basé essentiellement sur la baisse de la fiscalité, l’accroissement des dépenses et la dérégulation pourrait, à cet égard, faire des émules.
En réaction à une globalisation débridée, cet expansionnisme fiscal pourrait se doubler d’une autre lame de fond : la montée en puissance du protectionnisme. Ces deux tendances étant, par nature, source d’inflation, il faut s’attendre à ce que les emprunts d’Etat continuent à souffrir. Après plus de trois décennies de baisse des taux et un rendement moyen qui a atteint un plancher inférieur à 0.40% en juillet dernier, les obligations souveraines des pays industrialisés ont, estime Steven Vandepitte, « probablement mangé leur pain blanc. » A fortiori si l’on part du principe que les gouvernements vont financer l’accroissement de leurs dépenses par l’émission de nouveaux emprunts. Or qui dit hausse de l’offre de dettes publiques, dit aussi baisse du prix des obligations !
Le stratégiste d’ING insiste que, dans cette optique, on ne saurait trop recommander aux investisseurs, désireux de se protéger contre le risque de voir les prix à la consommation dépasser l’objectif des principales banques centrales (2%), d’opter pour les obligations à courte maturité et/ou les obligations indexées sur l’inflation.
Le scénario d’un retour de l’inflation est à ce point revenu à l’ordre de jour sur les marchés financiers que les actions (+4% en euro) et les matières premières (+10%) surperforment largement les obligations (-1%) depuis les élections américaines. Une surperformance qu’ING Belgique voit se poursuivre l’année prochaine, surtout si les entreprises parviennent à consolider la hausse des bénéfices observée au troisième trimestre.
Concrètement, sur le terrain boursier, les actions « value » (sous-évaluées par rapport à leurs fondamentaux), comme l’énergie et les financières US, sont privilégiées, ainsi que certains secteurs cycliques US, comme les industries et les biens de consommation durables, par rapport aux actions dont le comportement est le plus lié à celui des emprunts d’Etat (télécoms, biens de consommation de base, immobilier, …).
Sous l’angle régional, il préfère les Etats-Unis, et plus particulièrement les petites et moyennes capitalisations boursières, qui devraient le plus bénéficier d’un allègement de la fiscalité. Fort d’un yen moins vigoureux, les actions japonaises devraient également bien se comporter. A contrario, la vigueur du billet vert et la remontée des taux directeurs de la Réserve fédérale ne devraient pas faire l’affaire des marchés émergents, et ce quel que soit le type d’actifs considérés (actions, obligations et devises). Quant au risque politique, qui reste latent dans la Zone Euro, il l’empêche d’être franchement positif pour les actions continentales.
Enfin, sur le terrain des matières premières, il met surtout l’accent sur les métaux industriels, qui devraient jouer les premiers rôles, en lieu et place des métaux précieux, pour peu que la demande industrielle reprenne vigueur.
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