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L'investisseur belge traumatisé par l'affaire Lehman Brothers

Analyse de Peter Vanden Houte, Chief Economist ING Belgique

Le Baromètre des Investisseurs mesure chaque mois la confiance des investisseurs particuliers belges. En d'autres termes, il exprime le « sentiment des investisseurs ». Cette enquête, menée par Kantar TNS, est une initiative d’ING en collaboration avec l’Université de Gand et les quotidiens L’Echo et De Tijd. L’enquête se fait en ligne.

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10 après la chute de Lehman Brothers, la crise financière continue d'influencer le comportement des investisseurs belges : ces derniers disent investir avec beaucoup plus de prudence qu'avant la crise. Leur appétit pour le risque ne semble effectivement pas du tout augmenter. Le Baromètre des Investisseurs d’ING est descendu à son plus bas niveau en 2 ans et se situe à présent juste au-dessus du niveau neutre des 100 points.

Le Baromètre des Investisseurs d’ING poursuit son lent plongeon. Après les 106 points, en août, le baromètre échoue à 101 en septembre. C'est le niveau le plus bas jamais atteint, en 2 ans, à une fraction du niveau neutre des 100 points. Bien que l'investisseur belge ne se montre pas encore méfiant, à l'égard de l'environnement financier et économique, sa confiance s'est tout de même fortement réduite depuis le début de cette année. L'évolution de la conjoncture est jugée moins favorable que les mois précédents : les optimistes sont quasi aussi nombreux que les pessimistes. L'investisseur belge se montre aussi suspicieux envers les bourses. Aujourd'hui, 29 % pensent que les cours des actions baisseront ces prochains mois, tandis que 24 % espèrent encore une remontée.

Lehman hante encore

Le 10e anniversaire, de la débâcle de Lehman Brothers, a replacé la crise financière à la une des médias. La crise a-t-elle eu un impact durable sur le comportement de l'investisseur belge ?

Environ la moitié, des répondants à notre enquête, étaient déjà des investisseurs en 2008. Pas moins de 67 % de ces derniers disent investir aujourd'hui plus prudemment qu'avant la crise bancaire. À peine 7 % investissent plus agressivement qu'avant 2008. Ces constats sont valables pour tous les groupes d'âge.

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Les chiffres, publiés par la Banque nationale, sur la capacité financière du Belge disent la même chose : la part d'actifs risqués dans les portefeuilles n'a plus jamais atteint le niveau d'avant la crise financière. De plus, le pourcentage de capital sur les livrets d'épargne, ou les comptes à vue, est anormalement élevé, pour cette phase du cycle économique. Et ce malgré un taux d'intérêt historiquement bas.

Rendement du risqué

Néanmoins, l'investisseur belge sait que le risque est rentable à long terme. 68 % des personnes interrogées sont d'accord avec cette affirmation : les placements en actions rapportent plus, sur une période de 10 ans, que les livrets d'épargne ou bons de caisse. À peine 5 % ne sont pas d'accord avec cette affirmation. Tandis que le reste ne se prononce pas ou dit ne pas savoir. Il est intéressant de noter, chez les jeunes investisseurs (< 35 ans), le manque de confiance dans le rendement plus élevé des actions. La confiance est inférieure à la moyenne de l'ensemble de la population d'investisseurs (à peine 55 % croient que les actions rapportent plus sur 10 ans).

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La confrontation antérieure à un grave krach boursier, au début de leur carrière d'investisseur, a sans doute ébranlé la confiance des jeunes dans les actions. 75 %, des plus de 65 ans, ont à nouveau davantage confiance dans le potentiel à long terme plus élevé des actions. Les investisseurs plus âgés ont en effet pu se rendre compte qu'il vaut la peine de prendre des risques à plus long terme. Et ce malgré des diminutions intermédiaires.

Nouvelle crise

Pour 26 % des Belges, la probabilité d'une nouvelle crise financière dans l'année est grande. Alors que 25 % juge cette probabilité plutôt faible. S'il devait y avoir une crise, les investisseurs belges réagiraient dès lors de manière très différente. Ainsi, pas moins de 30 % des investisseurs, disent qu'ils vendraient actions et fonds en cas de correction boursière sévère. 28 % resteraient simplement dans l'expectative et 28 % profiteraient de la diminution pour acheter. Les autres ne savent pas encore comment ils réagiraient. Une chose est sûre : Lehman Brothers a rendu l'investisseur belge plus craintif. Cela peut apporter de la sérénité si les marchés s'effondrent mais cela risque d'hypothéquer le rendement des portefeuilles d'investissement à plus long terme.

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