Le syndrome de l’imposteur de l’investisseur : le Belge en sait assez pour investir, mais il n’ose pas se lancer

Selon une large enquête d’ING, les Belges n’osent pas investir, non pas par manque de connaissance, mais à cause de mythes tenaces et d’un manque de confiance en soi. Seuls 11 % des Belges se considèrent comme des experts, alors qu’ils sont un quart à obtenir de très bons résultats à un test de connaissances en investissement.

Bruxelles, 23 juin 2025 – Le paradoxe est frappant : les Belges sont étonnamment bien informés en matière d’investissement, mais un manque de confiance en soi profondément enraciné et alimenté par des mécanismes psychologiques, les empêchent de se lancer. C’est la conclusion principale d’une vaste étude menée par ING auprès de 2.000 Belges. L’étude révèle une réalité contradictoire : alors que seulement 11 % des Belges qualifient leurs connaissances en investissement de « bonnes », ils sont 32 % à obtenir un score élevé à un test de connaissances objectif en investissement. Ce n’est donc pas le manque de connaissance qui empêche les Belges d’investir, mais un manque de confiance en soi, qu’on peut qualifier de « syndrome de l’imposteur de l’investisseur ».

Le syndrome de l’imposteur : que se passe-t-il dans notre cerveau ?

L’étude d’ING révèle deux mécanismes psychologiques fondamentaux qui expliquent la réticence des Belges à investir :

  1. L’aversion à la perte : Le principal obstacle à l’investissement est la peur de perdre de l’argent, conséquence directe de ce qu’on appelle le phénomène d’aversion à la perte. Notre cerveau va ressentir deux fois plus fort la douleur de perdre 100€ que le plaisir d’en gagner autant. Cette réaction asymétrique pousse à se concentrer uniquement sur le risque de perte, en négligeant la probabilité de perdre du pouvoir d’achat en cas d’inaction à cause de l’inflation.
  2. Les tabous de l’argent : Dans notre culture, il n’est pas courant de parler d’argent et d’investissements. Et ce silence crée un isolement : il est difficile de confronter nos connaissances avec nos proches, même si nous sommes souvent bien informés. Ce manque de dialogue renforce le syndrome de l’imposteur : nous craignons d’être démasqués et nous nous pensons moins compétents que les autres. L’étude d’ING le confirme : bien que le niveau de connaissance des Belges soit élevé, seuls 11% se considèrent comme des experts. Ce tabou explique pourquoi, pour les Belges, seuls leur banquier et leur partenaire sont perçus comme des interlocuteurs de confiance en matière d’investissement.
Anne Abbenes, Psychologue financière, experte en santé financière, chercheuse et chargée de cours en psychologie financière:“L'aversion à la perte est profondément ancrée dans notre cerveau primitif. Toute perte potentielle due au changement est perçue comme une menace pour notre survie. C'est pourquoi nous préférons souvent la sécurité psychologique (illusoire) du connu, même si cela implique une baisse de notre pouvoir d'achat. Le tabou de l'argent est également très présent dans notre histoire européenne. Pendant des siècles, quiconque cherchait à accumuler des richesses était considéré comme une personne malveillante, et Charles Quint punissait même l'échec financier de la peine de mort."

La problématique des pensions : compter sur la pension publique, un pari dangereux.

Ce blocage psychologique contraste avec une autre conclusion de l’étude : les Belges font preuve d’une certaine indifférence par rapport à leur avenir financier. Plus d’un quart des Belges (28%) ne s’en préoccupent pas, ou à peine. Encore plus frappant : seul 1 Belge sur 4 (24%) pense que la pension légale leur suffira pour maintenir leur niveau de vie.

Peter Vanden Houte, économiste en chef chez ING : “Ces chiffres sont un véritable signal d’alarme. On assiste à une forme de déni financier. Entre une pension publique de plus en plus sous pression et une inflation qui ronge notre épargne, ne rien faire n’est plus une option. Laisser son épargne dormir, c’est accepter de perdre du pouvoir d’achat. Pour beaucoup, investir devient une nécessité économique afin de préserver leur niveau de vie à long terme ».

L’étude met également en lumière une réalité plus dure : de nombreux Belges peinent aujourd’hui à joindre les deux bouts. 12% des Belges ne parviennent pas à épargner. Chez les femmes, ce chiffre grimpe à 14%, et à 16% pour les plus de 55 ans.

La Bourse est une loterie : un mythe qui freine plus de la moitié des Belges

L’impact psychologique de l’aversion à la perte influence fortement la manière dont les Belges perçoivent la Bourse. Le principal obstacle à l’investissement est l’image tenace selon laquelle la Bourse est une loterie. Pour 53% des Belges non-investisseurs, investir revient à jouer à la loterie. Le deuxième obstacle concerne le sentiment d’un manque de connaissances (64% des non-investisseurs) suivi par le sentiment de complexité du marché (42% des non-investisseurs).

“ C’est un mythe qu’il est important de déconstruire. Investir dans des produits diversifiés et en faisant preuve de patience n’a rien d’un jeu de hasard. C’est une stratégie mûrement réfléchie qui protège justement contre les fluctuations à court terme. Il faut passer d’une logique de gains rapides à une vision de croissance durable. Les Belges sont tout à fait capables de faire cette distinction. Ils ont d’ailleurs une connaissance élevée des risques liés aux cryptomonnaies – 74% savent qu’il ne s’agit pas d’un moyen de paiement légal," affirme Vincent Juvyns, expert en investissement chez ING.
Jean Hindriks, Professor of Economics - UCLouvain : "Laisser son épargne dormir, c'est perdre du pouvoir d'achat. L'aversion à la perte fait du "ne rien faire" le choix le plus confortable psychologiquement, mais le plus risqué économiquement."

Des différences significatives entre les hommes et les femmes

Les différences financières entre les hommes et les femmes sont frappantes. Les hommes sont plus impliqués dans la préparation de leur avenir financier (39% contre 28% des femmes), ont davantage confiance en leurs connaissances (34% estiment avoir de bonnes connaissances contre 15% des femmes) et investissent plus fréquemment (49% contre 30% des femmes). Ces chiffres démontrent que le syndrome de l’imposteur est plus marqué chez les femmes. Par ailleurs, les femmes sont aussi plus nombreuses à déclarer qu’elles ne peuvent pas épargner (14% contre 10% des hommes).

La frontière linguistique se révèle aussi être une frontière financière. Les néerlandophones investissent davantage (47% contre 30% des francophones) et maîtrisent mieux les notions financières (ils obtiennent 6,8/10 au test de connaissances financières contre 5,7/10 pour les francophones). Les francophones sont, eux, plus nombreux à croire qu’il faut beaucoup d’argent pour investir (45% contre 33%) et que la Bourse est un casino (58% contre 49%), ce qui suggère une aversion à la perte plus importante.

La Belgique avance à deux vitesses en matière d’investissement : une partie importante de la population investit déjà, mais 40% restent sur la touche. "Ce n’est pas un problème en soi, mais une opportunité," indique Vincent Juvyns. "Si nous parvenons à renforcer la confiance et à mieux accompagner les épargnants, le potentiel de croissance de leur patrimoine est énorme."

Le confessionnal financier : les Belges préfèrent parler argent à leur banquier et leur partenaire

Un bon plan financier commence souvent par une bonne discussion. Pourtant, il n’est pas toujours évident d’aborder des questions d’argent. Plus d’un Belge sur deux (53%) préfère discuter de ses finances avec son ou sa partenaire. Pourtant, un certain tabou persiste. 27% des couples néerlandophones affirment parler « très souvent » d’argent, contre seulement 18% des francophones.

Le banquier reste une figure de confiance pour toutes les générations. Mais une nouvelle dynamique se dessine : de plus en plus de jeunes se tournent vers des conseillers en ligne tels que les finfluencers. Même si leur popularité croit, la confiance que les Belges leur accorde est relativement faible.

"La confiance accordée au banquier montre combien l’accompagnement est essentiel. Les gens veulent un interlocuteur, pas un gourou anonyme en ligne. Pour répondre à ce besoin, ING s’engage activement, notamment via le fonds ‘What the Finance’, créé en collaboration avec la Fondation Roi Baudouin. La banque investit un demi-million d’euros pour soutenir des projets qui renforcent l’éducation financière à travers tout le pays," ajoute Vincent Juvyns.

"Commencer petit" est la clef du succès

Bien que la prudence domine, le potentiel est énorme. Deux Belges sur trois (64%) mettent de l’argent de côté chaque mois, et plus de la moitié des non-investisseurs (54%) envisageraient de se lancer en Bourse s’ils pouvaient commencer avec un petit montant. Contrairement aux idées reçues, il ne faut pas être riche pour investir : un tiers des investisseurs actuels investissent moins de 100€ par mois. Cette approche progressive permet de réduire l’aversion à la perte et de rendre l’investissement plus accessible, sans les freins psychologiques.

Pour Vincent Juvyns : "Les bases sont là, la volonté aussi, et le capital de départ ne devrait pas être un obstacle. L’enjeu, aujourd’hui, est de transformer cette connaissance en action concrète. Le premier pas, même modeste, est le plus important. Que l’on commence avec 50€ par mois, un 13ème mois ou une prime, l’essentiel est de faire confiance à ses compétences et de mobiliser son épargne. Le passage du statut d’épargnant à investisseur est souvent plus simple qu’on ne le pense."

ADDENDUM – Les mythes les plus tenaces sur l’investissement, en chiffres

  • 84% des Belges pensent qu’ils peuvent perdre beaucoup d’argent en investissant
  • 69% trouvent l’investissement trop complexe et estiment ne pas avoir les connaissances nécessaires
  • 68% pensent qu’il faut surveiller constamment les marchés et réagir rapidement
  • 53% considèrent la Bourse comme un casino
  • 43% pensent que l’investissement est réservé aux riches
  • 43% estiment que seuls les experts peuvent investir avec succès
  • 39% pensent qu’il faut beaucoup d’argent pour commencer à investir
  • 36% pensent que l’investissement est réservé aux jeunes prêts à prendre des risques
  • 35% associent l’investissement à des sacrifices constants et à une vie austère.
  • 26% pensent qu’il est trop tard pour commencer à investir aujourd’hui

Sur l’enquête – Enquête en ligne réalisée par iVOX pour le compte d’ING entre le 19 mai et le 1er juin 2025 auprès de 2.000 Belges, représentatifs en termes de langue, sexe, âge et niveau d’études. Les données sont disponibles sur demande.


Sylvain Jonckheere

Sylvain Jonckheere

Spokesman & Media Relations Manager, ING Belgium

A propos d'ING

ING Belgique est une banque universelle qui propose des services financiers aux particuliers, aux entreprises et aux clients institutionnels. ING Belgique SA est une filiale d’ING Group SA, via ING Banque SA (www.ing.com).

ING est une institution financière internationale solidement ancrée en Europe qui propose des services bancaires par l’intermédiaire de sa filiale d’exploitation ING Bank. L'objectif d'ING est d’aider ses clients à conserver une longueur d’avance dans la vie et dans les affaires. Le personnel d’ING, qui compte plus de 60 000 employés, propose des services bancaires pour particuliers et entreprises aux clients de la banque répartis dans plus de 100 pays.

Les actions du groupe ING sont cotées aux bourses d'Amsterdam (INGA NA, INGA.AS), de Bruxelles et à la bourse de New York (ADRs : ING US, ING.N).

ING vise à placer le développement durable au cœur de ses activités. Nos politiques et nos actions sont évaluées par des instituts de recherche et de notation indépendants, qui les mettent à jour chaque année. Le score Environmental, Social and Governance (ESG) d'ING par MSCI a été reconfirmée par MSCI comme " AA " en août 2024 pour la cinquième année. En décembre 2023, Sustainalytics considère la gestion des risques matériels ESG par ING comme "forte". Notre note de risque ESG actuelle est de 17,2 (risque faible). Les actions du groupe ING sont également incluses dans les indices de durabilité les plus importants et ESG des principaux fournisseurs. En voici quelques exemples : Euronext, STOXX, Morningstar et FTSE Russell.