Le contexte international conduit la Fed à être patiente
Jeudi, la Réserve Fédérale, la banque centrale américaine, a laissé inchangé son taux directeur.
Jeudi, la Réserve Fédérale, la banque centrale américaine, a laissé inchangé son taux directeur. Il y a cependant de grandes chances que la Fed augmente son taux encore cette année, pour la première fois depuis 2006. L’économie américaine est toujours en bonne voie dans sa reprise économique depuis la crise financière. Dans ce contexte, si les taux restent trop longtemps à un niveau trop bas, nous pouvons nous attendre à des risques financiers. Il y a, malgré tout, des signes qui poussent la Fed à se montrer patiente. Ces éléments sont essentiellement à trouver à l’extérieur des Etats-Unis.
De toutes les régions les plus développées du monde, les Etats-Unis ont eu la reprise économique la plus dynamique depuis la crise financière. En termes de croissance économique, l’économie américaine est en vitesse de croisière. Depuis 2011, près de 200 000 emplois supplémentaires sont créés chaque mois et par conséquent, le taux de chômage est retombé à son niveau d’avant crise (5%). Ces prestations encourageantes au niveau du marché du travail ont amélioré le pouvoir d’achat des ménages américains et donné un coup de pouce à la consommation. Simplement sur base de l’évolution de l’activité économique aux États-Unis, le temps est donc venu de normaliser le niveau des taux d'intérêt.
C’est d’autant plus vrai que l’économie réelle réagit avec un retard assez important à une augmentation du taux d’intérêt. Typiquement, cela peut prendre de douze à dix-huit mois avant qu’une hausse des taux soit entièrement incorporée. Dans sa décision de remonter les taux, la Fed doit donc anticiper où le taux de chômage et le taux d'inflation se situeront dans un an.
Ceci étant, le taux d'inflation est pour l’instant limité à zéro pour cent. Cette situation est en grande partie attribuable à la baisse des prix du pétrole observée au cours de l'année écoulée. Etant donné que le prix du pétrole semble se stabiliser, cette influence devrait disparaitre automatiquement. Par contre, même si on écarte les prix pétroliers, le taux d’inflation reste inférieur à l’objectif annoncé de la Fed, soit 2%. Il n’y a donc pas d’urgence à resserrer la politique monétaire américaine à l’heure actuelle sur base des développements de l’inflation.
Au-delà de l’inflation, il semble qu’un nouvel élément préoccupe la Fed, à savoir les facteurs externes et leur potentiel impact sur l’économie américaine. A ce sujet, nous pensons essentiellement à la Chine. Quel sera l'impact du crash de la bourse de Shanghai sur l'économie chinoise ? Quel est l'impact du ralentissement structurel chinois sur les autres pays émergents ? De plus, ces derniers mois, le dollar s’est renforcé par rapport à la plupart des devises mondiales puisque d’une part la politique monétaire est plus accommodante au Japon et en Zone euro et d’autre part le flux de capitaux revient des pays émergents vers les Etats-Unis maintenant que l’augmentation des taux d’intérêt est sur le point de se concrétiser. Un dollar fort pèse sur les exportations américaines de biens et services et maintient une inflation basse à cause de la faiblesse du prix des biens importés. C’est autant de bonnes raison pour que la Fed se montre patiente.
D’autant plus qu’une hausse des taux d’intérêt pourrait accentuer les problèmes de nombreux pays en voie de développement précisément parce qu'elle pourrait provoquer une fuite des capitaux vers les Etats-Unis. C’est pourquoi des institutions internationales telles que le FMI et la Banque Mondiale ont exhorté la Fed à faire preuve de davantage de patience dans son processus de remontée des taux. La Fed a cependant déclaré à plusieurs reprises qu’elle n’était pas la banque centrale de l’économie mondiale et que la situation économique des autres pays ne jouent donc qu’un rôle secondaire tant qu’elle n’a aucun impact sur l’économie américaine.
Au sein du Federal Open Market Committee ( FOMC ), le comité de la Fed qui définit la politique monétaire, 13 des 17 membres anticipent que le taux directeur serait augmenté cette année. C’est également notre sentiment. Par conséquent, tous les yeux seront rivés sur les deux dernières réunions du FOMC le 28 octobre et le 16 décembre. Les développements financiers et les données économiques qui seront dévoilés d’ici là détermineront le moment précis de la décision.
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