La BCE tempère l’optimisme et laisse la porte ouverte à d’autres mesures

La BCE a laissé son taux directeur inchangé à 0,00%...

Eléments à retenir :

  • La BCE a laissé son taux directeur inchangé à 0,00%. Le taux sur la facilité de dépôt reste de -0,40%.
  • Le programme d’assouplissement quantitatif comprendra dès le 8 juin des obligations d’entreprises privées non financières de la zone euro. Cela participera à l’augmentation du programme d’achats (de 60 à 80 milliards d’euros par mois depuis le mois d’avril).
  • La BCE continue d’attendre des effets supplémentaires des actions qui commencent en juin (opérations de refinancement à long terme des banques et achats d’obligations d’entreprises). Ces effets doivent contribuer au « rééquilibrage des risques » pour l’inflation et la croissance.

La BCE est restée extrêmement prudente lors de sa réunion de juin: la croissance du PIB au premier trimestre a été prise comme une bonne surprise, mais elle devrait ralentir au second. La reprise devrait cependant se poursuivre en se basant sur la demande domestique et les conditions de financement améliorées par la BCE. Selon Mario Draghi, il y a toujours d’avantage de risques négatifs que de positifs, bien que le déséquilibre soit moins important qu’avant. Cela aura été la seule note d’optimisme du jour. En effet, les projections officielles de la BCE sont restées inchangées pour 2017 (1,7% de croissance et 1,3% d’inflation) et celles de 2018 légèrement moins bonnes pour la croissance (1,7% contre 1,8% auparavant). La prévision d’inflation pour 2018 reste en-dessous de l’objectif, à 1,6%. Les seules projections à s’améliorer sont celles de cette année : la croissance devrait être plus vigoureuse (1,6% plutôt que 1,4%) et l’inflation légèrement plus élevée (0,2% plutôt que 0,1%). Rien de réjouissant donc, malgré les mesures déjà prises.

Les projections de juin sont en outre conditionnelles à l’application de toutes les mesures décidées. Or, beaucoup sont encore à venir (presque la moitié du programme d’assouplissement, et quatre opérations de refinancement à long terme). Cela augmente à notre avis la probabilité pour la BCE de devoir en faire plus. Il n’y a que deux cas, improbables à ce stade, où la BCE pourrait en effet diminuer l’ampleur de ses achats dès le printemps 2017 : une croissance et une inflation supérieures aux prévisions actuelles, ou une reprise économique qui ne serait plus dépendante du soutien de la BCE.

A défaut de nouvelles actions, Mario Draghi a renforcé son discours sur le besoin d’autres mesures pour soutenir la croissance (utiliser les marges budgétaires où elles sont disponibles et procéder aux réformes structurelles). En attendant, il est clair que Mario Draghi a voulu garder quelques cartes pour plus tard, d’autant que le reste du mois de juin sera riche en évènements (referendum sur le Brexit et décision de la Réserve Fédérale américaine). Pour l’instant, nous pensons que la BCE va encore attendre d’estimer les effets des actions annoncées mais qu’il lui reste à concrétiser. Si ces effets devaient mener à des taux de croissance ou d’inflation inférieurs au projections formulées ce 2 juin, il est presque certain que l’assouplissement quantitatif devra être prolongé.

Julien Manceaux
Senior Economist, Brussels

Economic Research
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