Juste avant la Saint-Nicolas, le cadeau de la BCE est décevant
Lors de la conférence de presse de la BCE, Mario Draghi a globalement déçu les marchés financiers qui s’attendaient à des décisions plus marquées de la BCE.
Lors de la conférence de presse de la BCE, Mario Draghi a globalement déçu les marchés financiers qui s’attendaient à des décisions plus marquées de la BCE.
Ces dernières semaines, les déclarations des différents membres du directoire de la BCE avaient ainsi semblé dévoiler une modification de plus grande ampleur de la politique monétaire. La BCE a pourtant décidé de diminuer le taux sur la facilité de dépôt, de -0,2% à -0,3% . Ce taux est celui auquel les institutions financières sont rémunérées pour les liquidités qu’elles détiennent auprès de la BCE en plus de ce qui est obligatoire chaque jour. En 2014, la BCE a décidé de faire plonger ce taux en territoire négatif afin de stimuler l’octroi de crédit, elle est allée plus loin ce jeudi. Les autres taux directeurs ont été laissés inchangés. De plus, la BCE a décidé d’étendre la date butoir de ses achats d’actifs dans le cadre de l’assouplissement quantitatif de septembre 2016 à mars 2017, le programme est donc prolongé de six mois. Il a aussi été décidé d’élargir le nombre d’actifs éligibles, notamment aux obligations émises par certaines régions et municipalités de la zone euro. La conséquence directe de ces mesures est que l’ensemble des taux d’intérêt en zone euro devraient être maintenus à des niveaux extrêmement bas pour une période plus longue encore. Notons cependant que cet environnement de taux bas semble toutefois ne pas avoir un impact important pour une majorité des épargnants belges. Une récente étude d’ING montre ainsi que 7 Belges sur 10 n’ont pas modifié leur habitude d’épargne du fait de la faiblesse des taux d’intérêt. En ce qui concerne ceux qui ont effectivement changé leurs habitudes, ils tendent à se diriger vers des placements à plus long terme (pour plus d’informations sur ce sondage, cliquez ici).
Pour la première fois depuis longtemps, le président de la BCE aura donc sous-performé et dévoilé des décisions qui étaient inférieures aux attentes des marchés. Par conséquent, l’euro s’est apprécié et les rendements des obligations publiques ont augmenté immédiatement après l’annonce de cette décision, tandis que les bourses ont baissé. Ce qui n’a pas été annoncé par la BCE (mais qui était attendu par une partie des économistes), c’ est une diminution plus importante du taux de dépôt, une diminution du taux de refinancement (le principal taux directeur de la BCE qui est resté à 0,05%) ou une augmentation de la quantité des achats mensuels d’actifs.
La décision de la BCE de fournir un nombre limité de mesures supplémentaires indique que les membres partisans d’une politique monétaire moins accommodante se sont montrés plus forts que ce que de nombreux observateurs pensaient. La BCE paraissait même étonnée de la résistance de l’économie de la zone euro ainsi que de l’ampleur de l’impact positif de sa politique monétaire non conventionnelle. A long terme, la porte est restée ouverte pour davantage de mesures politiques en faveur de la croissance de l’activité économique si les perspectives économiques devaient s’assombrir à nouveau. A court terme, par contre, cela laisse l’évolution de l’euro dépendre essentiellement de la décision de la Réserve Fédérale Américaine.
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