ING Belgium Economic Newsletter:Effet des élections au Royaume-Uni sur l’économie belge

Effet des élections au Royaume-Uni sur l’économie belge

Theresa May n’a pas obtenu une large majorité comme espéré et pire encore les Conservateurs ont été contraints de faire appel à un partenaire politique pour former un gouvernement. Malgré cela, le Brexit n’est aucunement remis en question et les négociations ont officiellement commencé le 19 juin. Pour l’économie belge évidemment, l’impact reste négatif à terme d’autant plus qu’il n’est pas exclu qu’aucun deal ne soit conclu à la fin du processus. Depuis le référendum, il faut avouer que le bouleversement ne s’est pas encore complètement matérialisé mais est-ce vraiment étonnant sachant que le Brexit devrait n’être effectif qu’après 2019 (voire même 2022) ?

A l’heure où les négociations entre les instances européennes et britanniques entament un processus de négociation de 2 ans (en théorie), nous pouvons d’ores et déjà analyser certains indicateurs de l’évolution des relations belgo-britanniques : le commerce, le tourisme ou encore la perception quant au projet européen

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1. Exportations. Le commerce international est souvent cité par les économistes comme étant le domaine le plus vulnérable puisque un hard Brexit est potentiellement associé à des barrières entravant les échanges commerciaux. Par exemple, sans accord entre l’UE et le Royaume-Uni, des tarifs douaniers tels qu’ils sont d’application avec les partenaires hors-EU pourraient apparaitre. Ainsi en extrapolant les tarifs douaniers d’application au niveau de l’Organisation Mondiale du Commerce pour la Belgique, on obtient une augmentation du prix des exportations belges vers le Royaume-Uni de près de 5%. Ajoutons à cela l’appréciation de l’euro face à la livre sterling (rendant les exportations belges plus chères en livre sterling). Depuis le référendum de juin 2016, observe-t-on un changement au niveau des exportations belges ? A première vue, pas vraiment en considérant les données mensuelles de juillet 2016 à mars 2017. En effet, les exportations de biens ont en moyenne augmenté de 13% comparativement à la période identique un an auparavant, les exportations de biens à destination du Royaume-Uni ont augmenté de 1,7 milliards d’EUR.

Cependant à y regarder de plus près, on constate que le résultat est principalement mené par deux catégories de biens : les produits chimiques ou pharmaceutiques et les produits pétroliers. Les exportations du secteur de la chimie et du secteur pharmaceutique ont ainsi augmenté de 1,4 milliards d’EUR par rapport à la même période l’année passée (+79%). Dans ce secteur, le Royaume-Uni atteint un déficit commercial important face au reste de l’UE et notre pays est un des leaders européens dans le domaine pharmaceutique. Les médicaments et vaccins semblent expliquer une large partie de cette augmentation. Quant aux produits pétroliers, il s’agit essentiellement d’un effet de valeur expliqué par la remontée du prix du Baril de pétrole durant la période étudiée. En Belgique, ce sont principalement des activités de pétrochimie et de raffinage qui sont impliquées dans les exportations. Lorsqu’on exclut ces deux secteurs, la balance devient négative et les exportations belges se voient diminuer de 191 millions d’EUR comparativement à la même période l’année passée. On remarque donc que des différences importantes existent d’un secteur à un autre. En particulier, certains secteurs ou acteurs devraient subir plus fortement le choc négatif du Brexit, comme par exemple le secteur automobile ou le port de Zeebrugge (principal port des échanges commerciaux automobiles). En outre puisqu’en moyenne 85% des exportations belges proviennent de Flandre, les entreprises au nord du pays pourraient se montrer plus sensible à un hard Brexit.

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2. Tourisme. En théorie, le Brexit ayant renchéri le prix d’un voyage en Belgique pour les touristes britanniques, une réduction du nombre de touristes devrait être observée. En pratique, il sera difficile de distinguer l’effet du Brexit de l’influence de l’image ternie de Bruxelles après les attentats de mars 2016. Selon les chiffres préliminaires du SPF économie, le nombre de touristes étrangers à diminué de 9,5% entre 2015 et 2016 et une grande partie de cette baisse peut être attribuée au drame du 22 mars. En plus de cela, les données annuelles peuvent aussi être influencées par bien d’autres éléments. Mais en analysant en particulier l’évolution des nuitées réservées par des touristes étrangers, on remarque que la baisse est deux fois plus importante pour les ressortissants britanniques : -19% entre 2015 et 2016. Si l’on exclut la région Bruxelloise de l’analyse, la baisse reste significativement plus marquées pour les ressortissants britanniques. En Flandre l’indicateur diminue de 6% pour les touristes étrangers mais de 18% pour les touristes britanniques. En Wallonie aussi, la baisse de l’indicateur est plus faible pour les touristes étrangers (-4%) que pour les touristes britanniques (-15%). Ceci suggère l’existence d’un effet Brexit et probablement l’effet d’une livre sterling plus faible face à l’euro rendant le voyage en zone euro plus cher pour un Britannique. Même si le Brexit n’est pas de nature à faire chanceler le secteur touristique en Belgique, son impact n’est pas négligeable. En 2015, parmi les 8,3 millions d’arrivées internationales, 1 million d’entre eux étaient en originaires de Grande-Bretagne et les Britanniques avaient réservé 12% des nuitées réservées par des touristes étrangers

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3. Confiance et effet de contagion. Lors d’une récente interview, Klaus Regling (directeur du Mécanisme Européen de Stabilité) a ainsi indiqué que, depuis le Brexit, le soutien à l’adhésion à l’UE avait augmenté dans tous les pays de l’Union, ce qui soutiendrait l’hypothèse d’une Union plus soudée sans le Royaume-Uni. Selon un Economic.Poll@ING  réalisé au en mai 2016 et en juin 2017, la perception du risque du Brexit pour la Belgique s’adoucie quelque peu depuis l’année passée. En effet, en juin 2017, 50% des répondants considéraient que le Brexit était néfaste pour la Belgique contre 55% en mai 2016. La dernière enquête Eurobaromètre de l’automne 2016 menée par la Commission européenne est la première réalisée après le référendum britannique et semble confirmer le léger regain de popularité de l’UE auprès de ses citoyens

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• 58% des répondants européens étaient en faveur d’une union économique et monétaire et une monnaie unique (contre 55% en mai 2016).
• 53% des répondants européens considéraient que plus de décisions devraient être prises au niveau de l'UE (contre 51% en mai 2016).
• Les bienfaits économiques de l’UE semblent aussi être pris en considération : 48% des répondants pensaient que l'UE crée les conditions nécessaires pour plus d'emplois en Europe (contre 45% en mai 2016).


Comme depuis l’annonce du Brexit, il convient de ne pas surestimer l’impact à court terme du Brexit sur l’économie belge. Trois arguments peuvent être mis en avant. Premièrement, la séparation est un processus plus long que prévu et par conséquent les effets seront dilués dans le temps. Deuxièmement, la proximité géographique et historique induisent que la majorité des échanges se maintiendront et par conséquent l’activité économique associée aussi. Finalement, d’un point de vue politique, la sortie du Royaume-Uni semble avoir renforcé l’identité européenne au sein des autres pays de l’UE (aussi l’effet Macron ?). Ceci étant dit, quoique faible, l’impact global restera négatif et certains secteurs pourraient se retrouver en première ligne

Economic.Poll@ING est une question posée chaque semaine sur la page de logout d’ING Home’Bank. Les questions commentées ci-dessus a été posée entre le 23 et le 30 mai et entre le 19 et 28 juin 2017 (resp. 5635 et 4416 répondants).

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Geoffrey Minne, Economiste, ING Belgique: T: +32 2 547 33 8- M: [email protected]


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