Grèce : une victoire à la Pyrrhus ?

UPDATE 13.07.2015 - Les Grecs ont envoyé un message fort à l’Europe la semaine passée : un « non » contre l’austérité.

Les Grecs ont ce dimanche envoyé un message fort à l’Europe : un « non » contre l’austérité. Pour comprendre ce que cela implique, il faut se rappeler que la date du 30 juin était une échéance à deux égards. Premièrement, vis-à-vis du FMI : la Grèce n’a pas remboursé ses échéances dues en juin, ce qui limite désormais (jusqu’au remboursement total) l’aide du FMI à de l’aide technique (mais non financière) et pourrait mener dans les 12 mois à une exclusion du pays du Fonds Monétaire International.

 

Deuxièmement, le second plan d’aide à la Grèce a expiré ce 30 juin. Concrètement cela veut dire que les dernières tranches d’aide disponibles dans ce second plan ne sont plus disponibles sans la négociation d’un troisième plan d’aide. On peut chiffrer ce qu’il restait dans le second plan comme suit : 10,9 milliards du fond de recapitalisation des banques, 3,5 milliards du FMI, 1,8 milliards du Mécanisme Européen de Stabilité (MES) et 1,9 milliards d’intérêts perçus par la BCE sur la dette grecque ces dernières années (que le plan prévoyait de rétrocéder au pays). Les négociations des dernières semaines qui visaient à prolonger ce plan ne peuvent donc servir de base qu’à la négociation d’un troisième plan d’aide (après 2010 et 2012). C’est pour cette raison que la probabilité d’un accord a fortement diminué ce dimanche.

En effet, le référendum de ce dimanche semble avoir écarté les points de vue. D’une part, le référendum donne un mandat aux autorités grecques pour négocier un nouveau plan d’aide avec les partenaires européens mais les négociateurs grecs ont un mandat plus strict qu’auparavant (respecter le refus de l’austérité). D’autre part, leurs partenaires seront peu enclins aux concessions. En effet, un 3ème plan d’aide devra à nouveau être approuvé par plusieurs parlements européens (où l’opposition à la Grèce est récemment montée). Or aucun chef de Gouvernement ne prendra le risque d’un désaveu parlementaire dans son propre pays sur ce dossier, les propositions risquent donc d’être très prudentes. Ceci dit, l’histoire de la zone euro a déjà montré que des accords pouvaient être atteints in extremis. Tout espoir n’est donc pas perdu.

 

Tant qu’un 3ème plan est en cours de négociation, nous ne pensons pas que les défauts de paiements auxquels s’expose la Grèce dans les prochaines semaines  (plusieurs échéances de dette à court terme qu’elle pourrait avoir du mal à refinancer s’ajoutent au remboursement de 3,5 milliards d’obligations détenues par la BCE le 20/7) seront suffisants pour que la BCE considère les bons d’état grecs comme collatéraux complètement inéligibles à son aide d’urgence en liquidités (ELA). En effet, cet accès aux liquidités est le seul moyen de financement encore accessible aux banques grecques (les dépôts sont retirés, les marchés financiers leur sont inaccessibles et le financement habituel de la BCE requiert plus de garanties qu’elle ne peuvent en offrir) mais il ne l’est qu’à une condition : que les banques grecques soient solvables et donnent des titres en garantie. Dans le cas où un défaut de paiement serait avéré, ces garanties (en majorité des titres de la dette grecque) perdraient de leur valeur, et avec elles le capital de ces mêmes banques, menant à leur insolvabilité. Elles n’auraient donc même plus accès à cette dernière source de financement.

Cependant, en dehors de la question de la qualité de ces titres comme garanties, il semble que les aides d’urgence aient atteint un maximum ces dernières semaines car la quantité de titres disponibles dans les banques grecques est insuffisante. La crise financière devrait donc se poursuivre en Grèce : la réouverture des banques ne peut se faire que si elles accèdent à des montants beaucoup plus élevés d’aide d’urgence en liquidités, ce que la BCE ne pourra sans doute pas garantir.  Les contrôles de capitaux vont donc persister.

 

L’échéance du 20 juillet apparaît donc de plus en plus comme cruciale, car si la Grèce ne rembourse pas la BCE, il deviendra difficile pour celle-ci de continuer à accepter des bons d’état grecs comme collatéral, même pour l’aide d’urgence en liquidités. Cela impliquerait que pour rouvrir les banques grecques, une recapitalisation massive serait nécessaire. En l’absence d’accord avec les fournisseurs d’aide extérieure, cela se ferait en émettant une nouvelle monnaie, et la principale victime en seraient les ménages grecs. En outre, ce serait le premier pas de la Grèce hors de l’Eurozone. La volatilité devrait donc rester très élevée dans les prochaines semaines autour du dossier grec.

 

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Vanessa Zwaelens

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