Francfort sous les confettis

La conférence de presse donnée ce 15 avril par Mario Draghi à la suite de la réunion des Gouverneurs de la BCE a connu un développement inattendu : une jeune femme a en effet bondi sur son bureau pour lui lancer des confettis en demandant d’arrêter « la dictature de la BCE ».

La conférence de presse donnée ce 15 avril par Mario Draghi à la suite de la réunion des Gouverneurs de la BCE a connu un développement inattendu : une jeune femme a en effet bondi sur son bureau pour lui lancer des confettis en demandant d’arrêter « la dictature de la BCE ». Cette intervention un peu spéciale a été rapidement terminée et la conférence a repris dans un calme olympien. Le plus ironique est que les confettis étaient pour une fois appropriés : Mario Draghi n’avait en effet semble-t-il que des bonnes nouvelles à annoncer et est apparu très satisfait de son programme d’assouplissement quantitatif*. Les confettis ont donc finalement presque contribué à donner un air de fête à ces annonces.


En effet, la BCE a modifié son appréciation de la reprise et voit désormais les risques pour la croissance comme étant équilibrés plutôt que négatifs auparavant. Sa politique monétaire a maintenant plusieurs effets. Les attentes inflationnistes sont remontées ces derniers mois et l’inflation se stabilise (notamment grâce à la baisse de l’euro induite par cette politique), cela permet aux taux d’intérêt réels de baisser, ce qui ravive la demande pour le crédit et aide le retour de la croissance. Cela dit, sans réformes structurelles dans les Etats membres, tout le potentiel des mesures d’assouplissement quantitatif ne pourra pas être exploité.

L’effet sur les taux d’intérêt reste négatif pour l’instant : les principaux taux obligataires européens sont presque nuls, ce qui a récemment provoqué des craintes que la BCE n’arriverait pas remplir son objectif d’acheter pour 60 milliards d’euros actifs par mois (dont des obligations d’Etat) dont les rendements seraient assez élevés. Pour Mario Draghi cependant, l’offre d’obligations au rendement supérieur à -20pb reste suffisante.

Reste qu’à force de crier victoire, on risque de créer des attentes prématurées d’arrêt du programme. Il doit courir jusqu’en septembre 2016 et même si la BCE se laisse toute latitude dans la gestion de cette échéance, nous pensons qu’il arrivera à son terme. Mario Draghi a en effet bien insisté sur le fait que son optimisme sur la croissance reposait sur l’implémentation totale des mesures de politique monétaire en place.

La conclusion de cette après-midi est donc que les taux à court terme vont rester très bas pendant encore longtemps et que, vu la quantité de liquidité que le programme d’assouplissement crée, ils peuvent même encore baisser légèrement (l’Euribor à 3 mois devrait entrer sous peu en territoire négatif). Parallèlement, la poursuite du programme d’achat d’actifs va maintenir une pression à la baisse sur l’euro et les rendements obligataires à long terme.



Julien Manceaux

Senior economist ING Belgique


*Pour en savoir plus sur l’assouplissement quantitatif: https://about.ing.be/A-propos-dING/Press-room/Press-article/La-BCE-fait-marcher-la-planche-a-billets.htm



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Vanessa Zwaelens

Head of External Communication