Eurozone Economic Update : une fois que la réputation est détruite…

L’économie de la zone euro met au défi ses plus grands détracteurs.

L’économie de la zone euro met au défi ses plus grands détracteurs. Malgré les déboires des marchés financiers, la crise grecque et le ralentissement chinois, la reprise économique se poursuit en zone euro. Certes, on ne parle pas encore de reprise solide mais au moins une reprise est visible. Ceci est principalement dû à un euro faible, à un environnement de taux bas et à des réformes structurelles (notamment dans certains pays périphériques). Evidemment, tout n’est pas rose mais étant donné les difficultés observées dans les autres régions du monde, la zone euro s’en sort bien et semble faillir à sa réputation de région à faible potentiel de croissance. En d’autres termes, une fois que la réputation est détruite, surprendre positivement est plus facile.

Le cocktail à base d’assouplissement quantitatif, de faibles prix énergétiques et de réformes structurelles semble fonctionner. Durant les mois précédents, ce cocktail a du moins aidé l’économie de la zone euro à faire face aux vents contraires inattendus comme le ralentissement économique de la Chine et des pays émergents. La seule source d’inquiétude résulte du fait qu’en temps « normal », la faiblesse de l’euro et des prix énergétiques aurait dû affecter l’économie à plus grande échelle.

Malgré des indicateurs de confiance étonnamment stables, la conviction profonde de nombreux analystes et dirigeants politiques semble être davantage teinté de pessimisme. Le ralentissement des marchés émergents et la peur de voir l’économie mondiale ralentir plus encore ont à nouveau mis en alerte les dirigeants de la BCE. Avec un taux d’inflation globale qui est retombé en dessous de la barre fatidique de 0%, les spéculations quant à un renforcement de l’assouplissement quantitatif sont reparties de plus bel.

Mais tant que la situation économique reste stable, nous ne nous attendons pas à ce que la BCE modifie la taille de ses achats d’actifs sur les marchés financiers. A notre avis, les nouvelles spéculations ne sont que le reflet du problème d’identité et du rôle de la BCE en zone euro. L’assouplissement quantitatif a officiellement été justifié par la baisse des anticipations d’inflation alors que la préoccupation principale de la BCE reste le manque de dynamisme de l’activité économique en zone euro.

Ceci étant, c’est encore et toujours la même histoire en zone euro et quelle que soit la décision de la BCE, il en faudra davantage pour instaurer une croissance solide et durable. En particulier, des investissements privilégiant le long terme, des réformes structurelles et des réformes institutionnelles sont essentiels. A ce propos, les dernières propositions de réformes quant à l’architecture financière, économique et politique de la zone euro n’avancent qu’à pas de tortue et ne présagent aucun développement pour l’instant. De plus, la perpétuelle crise grecque et les nouveaux défis liés à la crise des réfugiés posent des problèmes qui ne peuvent être résolus « à la va-vite » comme à l’habitude.

Le moteur de la zone euro reste l’économie allemande qui poursuit sa reprise sur base de la demande intérieure mais aussi de la demande extérieure (et ce malgré le ralentissement chinois et les sanctions russes). Il semble toutefois que la faiblesse de l’euro ne puisse compenser entièrement la faible demande émanant des pays émergents dans les mois à venir. De plus, deux menaces importantes provenant de l’intérieur viennent se greffer au ralentissement de la demande extérieure : la crise des réfugiés et le scandale Volkswagen. Indéniablement, durant les prochains mois, la locomotive allemande sera mise à l’épreuve.

En France, la reprise économique reste poussive mais 2015 devrait se terminer sur une note légèrement positive pour la croissance économique et l’emploi essentiellement grâce aux facteurs temporaires. Cependant une partie de ces résultats peut aussi être attribuée aux réformes prises par un gouvernement de moins en moins populaire.
En Italie aussi, la reprise économique reste timide. Elle est surtout tirée par la demande intérieure et devrait se poursuivre durant le reste de l’année. Les réformes réalisés au niveau du marché du travail devrait conduire à une création d’emplois plus marquée et pourraient permettre au gouvernement italien d’avoir le feu vert de la Commission européenne afin d’étendre temporairement les marges de manœuvre budgétaires.

L’Espagne caracole en tête des grandes nations de la zone euro en termes de croissance du PIB et de création d’emplois. Les réformes structurelles de ces dernières années et les mesures politiques propices à l’activité ont dynamisé l’économie espagnole. Pourtant, certains facteurs pourraient couper son élan : la question catalane, les élections nationales (décembre), les exportations en baisse et la taille de la dette publique.

Les Pays-Bas semblent prêt à raviver la flamme de la croissance économique sur fond de résurrection du marché immobilier, création d’emplois, et réductions des coupes budgétaires. Le pays pourrait ainsi, finalement, rejoindre le noyau principal des pays de la zone euro. En Belgique, par contre, rien n’est gagné. Même si aucune récession n’est à prévoir, il semble bien que les ambitions devront être revues à la baisse au moins pour l’année 2015.

Tout ceci et bien d’autres choses dans le dernier numéro du Quarterly Eurozone d’ING (en anglais).

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Vanessa Zwaelens

Head of External Communication