Épargner et investir : en Belgique, une question de sexe et de langue
Analyse de Peter Vanden Houte, Chief Economist ING Belgique
Dans le sillage de la reprise boursière, le baromètre des investisseurs ING a lui aussi progressé en février pour atteindre un niveau légèrement inférieur à la tendance neutre. Pour la majorité des investisseurs belges, l’épargne est bien perçue, bien que ce soit surtout le cas chez les néerlandophones et les femmes. Même si les Belges s’attendent à ce que les taux d’épargne restent faibles, relativement peu d’entre eux prévoient d’investir davantage en 2019. L’investissement semble plaire relativement mieux aux hommes qu’aux femmes.
La bonne tenue des marchés boursiers au cours des deux premiers mois de l’année a ramené la confiance chez les investisseurs. Par exemple, le baromètre des investisseurs ING a gagné 10 points en février pour atteindre 98 points, soit une fraction seulement sous le niveau neutre de 100 points.
Plus particulièrement, les perspectives boursières semblent un peu plus positives. Il reste encore 27 % d’investisseurs pessimistes, mais aujourd’hui 27 % des investisseurs belges pensent que les cours d’actions vont continuer à remonter dans les mois à venir (ils n’étaient que 18 % en décembre). Toutefois, les perspectives économiques restent mitigées. L’appréciation de la conjecture belge s’est quelque peu améliorée (26 % en faveur d’une amélioration, contre 18 % en janvier), mais les perspectives restent plutôt sombres : 20 % seulement des personnes interrogées voient l’économie se redresser dans les trois prochains mois, tandis que 28 % craignent un ralentissement. Pourtant, 22 % affirment qu’il leur restera certainement de l’argent lors des prochains mois pour épargner, investir ou faire de grosses dépenses. Il s’agit du pourcentage le plus élevé depuis juin 2018. 30 % disent avec certitude ne pas pouvoir épargner, investir ni dépenser beaucoup. Il s’agit du pourcentage le plus faible depuis juin 2018.
L’épargne se porte bien
La question clé pour les investisseurs belges reste, bien entendu, de savoir quoi faire de cet excédent de trésorerie en 2019. Le Belge se fait peu d’illusions sur les taux d’épargne : si 18 % s’attendent à (ou espèrent ?) une hausse des taux d’épargne, 55 % pensent qu’ils vont stagner. Il y a même 22 % des investisseurs qui pensent que le taux d’épargne va encore baisser ! En ce qui concerne les taux d’intérêt hypothécaires toutefois, un accroissement est pris en compte. Ainsi, 41 % voient les taux d’intérêt sur les prêts hypothécaires augmenter cette année, alors que 10 % espèrent toujours une baisse.
21 % des Belges s’attendent à épargner davantage en 2019 qu’en 2018, contre 28 % disant qu’ils épargneront moins. Cette enquête montre par ailleurs que les Belges sont de grands épargnants. En effet, pas moins de 69 % des répondants affirment que l’épargne leur procure un sentiment positif. Il est intéressant de noter que le pourcentage atteint 77 % chez les néerlandophones, alors que les francophones ne représentent que 54 % de ces réponses. Il semble également qu’il y ait une nette différence entre les hommes et les femmes. Chez les hommes, 67 % affirment se sentir bien lorsqu’ils épargnent, alors que ce pourcentage atteint 74 % chez les femmes.
Malgré les faibles taux d’intérêt sur l’épargne, le Belge ne semble pas avoir l’intention d’investir beaucoup plus en 2019 : à peine 12 % le feront, alors que 35 % prétendent investir moins. 47 % des répondants affirment que l’épargne leur procure un sentiment positif, à peine 12 % émettent un avis contraire. Cependant, il y a aussi des différences entre les sexes. Chez les hommes, 50 % se sentent bien lorsqu’ils investissent et seulement 9 % affirment le contraire. Parmi les femmes, 42 % se disent être bien en investissant, tandis que 15 % ne sont pas d’accord sur ce point. Il convient de noter que cette enquête a été menée auprès de personnes qui ont déjà au moins un produit d’investissement dans leur portefeuille. Mais même dans ce cas, bien que l’épargne soit clairement plus dans leurs gènes que chez les hommes, il s’avère que les femmes ont davantage de craintes lorsqu’il s’agit d’investir.
Le Baromètre des Investisseurs mesure chaque mois la confiance des investisseurs particuliers belges. En d'autres termes, il exprime le « sentiment des investisseurs ». Cette enquête, menée par Kantar TNS, est une initiative d’ING en collaboration avec l’Université de Gand et les quotidiens L’Echo et De Tijd. L’enquête se fait en ligne.