Elections en Espagne: Coalition et réveil difficiles
Quelle coalition après les élections en Espagne?
Nous pouvons désormais déterminer les coalitions qui ne sont pas possibles : une coalition de centre-droit et une coalition de gauche. La coalition qui pourrait se détacher reste difficile à trouver.
Pour le parti conservateur (PP), c’est une demi-victoire puisqu’il arrive en tête mais en même temps il perd sa majorité absolue. Seule une coalition avec leur concurrent historique le parti socialiste (PSOE) atteindrait la majorité. Celle-ci a souvent été écartée par les deux partis politiques.
Sachant que plus d’un électeur sur trois a choisi l’un des deux nouveaux partis, Podemos ou Ciudadanos, nous pouvons affirmer que l’hégémonie des partis traditionnels est bel et bien terminée. La surprise provient certainement du score de Podemos. Les débats pré-électoraux ont certainement joué en faveur de son sulfureux leader, Pablo Iglesias.
L’Espagne se trouve donc à un carrefour de son histoire politique. L’environnement politique est désormais bien différent et que ce soit les partis traditionnels ou les nouveaux partis, il faudra faire preuve de flexibilité. Une coalition sera nécessaire et à la vue des prises de positions actuelles, un accord sera tout sauf aisé. Si d’ici mi-mars, aucun candidat ne se détachait, alors le parlement serait dissout et de nouvelles élections seraient organisées en avril ou mai. L’idée d’un blocage politique n’est pas accueillie positivement par les marchés financiers puisque l’incertitude a tendance à effrayer les investisseurs. A l’ouverture des marchés, le rendement sur l’obligation publique espagnole à 10 ans a augmenté de 18 points de base suite aux élections. Si la situation devait perdurer, la confiance des entreprises et des consommateurs pourraient en être affectées en 2016.
Quelle coalition pourrait malgré tout émerger ?
La première option est une coalition élargie de centre gauche (PSOE, Podemos, Ciudadanos). Cela constituerait un virage à gauche au niveau de la politique économique. En particulier le déficit public serait vraisemblablement amené à être renégocié avec les institutions européennes afin de dégager des moyens budgétaires supplémentaires. Ce virage ne serait toutefois pas aussi radical que présenté auparavant. Podemos a à plusieurs reprises essayé d’édulcorer son programme économique et de se détacher du programme défendu par Syriza en Grèce. Par exemple une renégociation de la dette publique n’est plus à l’ordre du jour. Par conséquent, même avec cette coalition, le dynamisme de l’économie espagnole observé en 2015 ne serait pas mis en péril et on devrait continuer de voir le PIB espagnol croitre plus rapidement que la zone euro dans son ensemble. Mais cette coalition est loin d’être évidente étant donné les divergences d’opinion qui existent.
La seconde option est une coalition entre partis de gauche (PSOE et Podemos) et les partis indépendantistes Catalans. Podemos s’est montré en faveur de la tenue d’un référendum et ce pourrait être « échangé » contre un support au parlement national. Cependant le PSOE a jusqu’à présent marqué son désaccord. Evidemment, cette coalition ne serait pas perçue positivement par les marchés financiers parce qu’elle met à mal l’unité du pays, le rythme des réformes structurelles et la soutenabilité à long terme de la dette publique.
En conclusion, il est difficile de présager de ce qui se passera dans les prochains mois au niveau politique en Espagne. Aucune tendance claire ne s’est dessinée et la tenue de nouvelles élections en avril ou mai est une option sérieuse.