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Croissance attendue de 3,6 % en 2021: les effets retardés de la crise ralentissent la reprise

Croissance attendue de 3,6 % en 2021: les effets retardés de la crise ralentissent la reprise

L'augmentation du nombre de faillites sera similaire à ce que la belgique a connu après la crise financière

Bruxelles, le 19 mars 2021 – Il est clair que la crise du Covid est la plus grave crise économique depuis la Seconde Guerre mondiale. ING Belgique s'attend à ce que ses conséquences continuent de se faire sentir dans les trimestres à venir, tout en restant limitées au regard du choc énorme qu'a subi l’économie. Ainsi, Philippe Ledent, économiste chez ING, s'attend à une croissance du PIB belge de 3,6% cette année, après un recul de 6,2% l'année dernière. Toutefois, les deux clés de la reprise des prochains mois sont le nombre de faillites et le marché du travail. Même si le nombre de faillites mensuelles a diminué depuis le début de la crise du coronavirus, on peut s'attendre à ce que la crise entraîne environ 10.000 faillites supplémentaires. Selon l'analyse d’ING, l'augmentation attendue du nombre de faillites, combinée aux restructurations - inévitables après une crise de cette ampleur - devrait entraîner une perte supplémentaire de 15.000 à 20.000 emplois. De ce fait, le taux de chômage passerait de 6,1% à la fin 2020 à un pic de 7,1% au début 2022. ​

 

L’économie belge limite les dégâts au quatrième trimestre 2020

Avec une légère baisse de l'activité au quatrième trimestre 2020 (-0,1%), l’économie belge a encore pu limiter les dégâts. Cependant, la seconde vague de la pandémie a une nouvelle fois affecté la consommation des ménages. Au quatrième trimestre, la consommation a baissé de 5,6% par rapport au troisième trimestre 2020 et a terminé l'année en recul d'environ 10% par rapport à son niveau d’avant-crise. L’emploi semble également bien résister. Après de fortes pertes d'emplois au cours des premier et deuxième trimestres 2020 (-50.000 emplois), des emplois ont été créés au cours des troisième et quatrième trimestres (respectivement ​ +7.000 et +20.000).

4 différences entre la crise du coronavirus et une récession classique

« La crise du Covid-19 ne suit pas le modèle classique d'une récession. Nous constatons quatre différences évidentes. Il s'agit d'un choc exogène, indépendant du fonctionnement de l’économie. Ce caractère exogène a permis un consensus rapide entre les autorités politiques et monétaires au sujet d'une réaction sans précédent, à savoir une multitude de mesures d'aides aux ménages et aux entreprises. Le nombre de faillites et de pertes d'emplois a également évolué de manière atypique en raison des mesures prises. L'utilisation massive du chômage temporaire a notamment permis de sauver de nombreux emplois."
Philippe Ledent, économiste chez ING Belgique

De plus, le nombre de faillites a été limité grâce au moratoire. Alors qu'il y avait près de 900 faillites par mois juste avant la crise, ce chiffre est tombé depuis mars 2020 à seulement un peu plus de 500 par mois en moyenne (graphique 2). Et grâce au chômage temporaire, les pertes d'emplois sont également restées limitées (graphique 4). Au plus fort de la crise, plus d'un million de travailleurs (28% des salariés belges) ont bénéficié de cette mesure au moins à temps partiel.

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Le nombre de faillites et le marché du travail détermineront la direction du cycle économique dans les prochains mois

Pour pouvoir parler de la levée des mesures de confinement et de la reprise économique au cours du deuxième trimestre, mais surtout au cours de la deuxième moitié de 2021, la vaccination semble nécessaire.

« Dans le scénario le plus pessimiste, nous nous dirigeons vers un tsunami de faillites et de licenciements en raison de la dégradation de la situation financière des entreprises. Dans le scénario le plus optimiste, nous connaîtrions une forte reprise qui offrirait suffisamment de perspectives aux entreprises et à leurs investisseurs, maintenant les faillites, les restructurations et les pertes d’emplois à un niveau minimal, similaire à ce que les mesures de soutien ont pu garantir jusqu’à présent.. Mais la réalité se situera probablement entre ces deux scénarios extrêmesPhilippe Ledent, économiste chez ING Belgique

ING s'attend à ce que le nombre de faillites et de pertes d'emplois ne soit pas aussi élevé que ce que suggère la baisse de l'activité en 2020 :

  • La combinaison d’une épargne des ménages en forte croissance (+ 20 milliards d'euros) et d’une baisse du taux d’épargne offre de bonnes perspectives pour la consommation des ménages.
  • Pendant la phase de relance, d'importants stimuli budgétaires continueront d'exister.
  • La politique monétaire est en outre garante de conditions de financement attractives.
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Augmentation du nombre de faillites et du chômage en dépit d'une politique économique efficace et de mesures de relance

Cependant, il faudra encore du temps pour que le niveau d'activité revienne à celui d’avant-crise. On peut donc s'attendre à une hausse du nombre de faillites ou de restructurations dès que les mesures d'aide seront levées. ING estime que le nombre de faillites et de pertes d'emplois sera au moins comparable à la situation observée après la crise financière. Cependant, compte tenu de l'ampleur de la crise du Covid, il s'agit toujours d'un scénario optimiste, imputable à une politique économique efficace.

Le fait qu'un certain nombre de secteurs n'aient pas pu fonctionner (normalement) - comme l'horeca - ne sera pas sans conséquence. En revanche, ces secteurs bénéficieront probablement d'une attention particulière de la part des pouvoirs publics et d'une éventuelle prolongation des mesures de soutien.

D'autres secteurs, tels que les agences de publicité et d'études de marché, la location et le leasing ou de nombreuses entreprises manufacturières, sont également vulnérables. Le fait qu'ils aient eu recours au chômage temporaire pourrait indiquer un niveau d'activité durablement plus faible et une demande limitée. Si l'on ajoute les changements structurels apportés par la crise - au niveau des habitudes des agents économiques par exemple - il n'est pas exclu que des faillites se produisent également dans des secteurs inattendus et qui focalisent moins l’attention des pouvoirs publics.

Dans l'hypothèse où l'impact de la crise du coronavirus sur les faillites et les pertes d'emplois sera au moins aussi important que celui de la crise financière, on peut s'attendre à ce que la crise entraîne quelque 10.000 faillites supplémentaires. Il convient d'ajouter que les (un peu plus de) 7.000 faillites de 2020 représentent une baisse de 30% par rapport à la moyenne des années précédentes. Lorsque les mesures d'aide disparaîtront, certaines faillites qui n'ont pas été prononcées en 2020 interviendront, ce qui augmentera de facto le nombre de faillites. On peut donc s'attendre, d'un point de vue macroéconomique, à une augmentation du nombre de faillites d'environ 13.000 unités. C'est beaucoup, mais moins que ce que les extrapolations - basées sur les données micro-économiques des entreprises - laissent présager.

L'augmentation attendue du nombre de faillites, combinée aux restructurations inévitables, pourrait, selon notre analyse, entraîner des pertes d'emplois cumulées de 15.000 à 20.000 en 2021. De ce fait, le taux de chômage passerait de 6,1% à la fin 2020 à un maximum de 7,1% au début 2022.

« La crise actuelle est loin d'être une crise classique. Des secteurs entiers qui ont dû fermer leurs portes complètement et pendant des semaines, voire pendant des mois, c’est une situation sans précédent. Les mesures prises ont permis d’éviter de très nombreuses faillites et au moins 50.000 pertes d’emplois. Mais attention, l’impact final de la crise devra tenir compte des effets retardés durant la phase initiale de la relance.»
Philippe Ledent, économiste chez ING Belgique

 

 

 

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