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Coup de froid sur l’investisseur

Analyse de Philippe Ledent, Senior Economist ING Belgique

Le Baromètre des Investisseurs mesure chaque mois la confiance des investisseurs particuliers belges. En d'autres termes, il exprime le « sentiment des investisseurs ». Cette enquête, menée par Kantar TNS, est une initiative d’ING en collaboration avec l’Université de Gand et les quotidiens L’Echo et De Tijd. L’enquête se déroule en ligne.

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Après s’être stabilisé en mai, le baromètre de l’investisseur d’ING s’est assez nettement replié en juin, pour atteindre l’indice 105. Il faut remonter à la fin de l’année 2016 pour retrouver un niveau aussi bas. C’est principalement un assombrissement des perspectives tant économiques que financières qui est à l’origine de ce repli. Sans surprise, cela se traduit aussi par de moindres espérances de rendement.

En juin, le baromètre de l’investisseur d’ING est passé de 113 à 105. Sachant que le niveau neutre du baromètre est à l’indice 100, le niveau actuel n’est pas mauvais en soi. Pour autant, le repli est marqué et le niveau du baromètre est à présent largement inférieur à son pic de début d’année (128 !). Cette évolution n’est, en fait, pas une surprise dans un contexte plus fragile, tant sur le plan économique que financier. De plus, les institutions internationales auront beau affirmer que les risques sont balancés, c’est-à-dire qu’il y a autant de risques positifs que négatifs, les tensions commerciales au niveau international, les difficultés dans les pays émergents et les problèmes politiques en Europe attirent davantage l’attention.

Concrètement, même si la situation économique en Belgique au cours des 3 derniers mois n’a pas vraiment changé, les perspectives se sont dégradées : certes, 24% des investisseurs pensent que la situation économique belge va encore ‘’fortement’’ ou ‘’plus ou moins’’ s’améliorer dans les 3 prochains mois mais, en mai, ils étaient encore 30% à le penser. A l’opposé, 25% pensent que la situation va se dégrader, alors qu’ils n’étaient que 18% il y a un mois. Sans surprise, les perspectives financières vont dans le même sens : 24% des répondants pensent encore observer une hausse des bourses dans les 3 prochains mois. A titre de comparaison, c’est moitié moins qu’en début d’année, lorsque le baromètre avait atteint son sommet. Alors même que les marchés boursiers n’ont pas vraiment brillé depuis, on se doit d’en conclure que les investisseurs ont fortement revu leurs prévisions. Ils sont même 25% à présent à anticiper une baisse des marchés boursiers.

On n’assiste pas vraiment, pour autant, à une modification drastique de l’allocation du portefeuille. 22% des investisseurs pensent toujours que la période est opportune pour investir dans les secteurs risqués (23% en mai), et 29% (idem qu’en mai) pensent qu’il est opportun d’investir dans les secteur moins risqués. Quant aux obligations, elles n’ont toujours pas la cote, puisque seuls 18% des investisseurs pensent que c’est le bon moment d’en acheter alors que 32% pensent le contraire. 

Investir dans l’énergie… Mais laquelle ?

En juin, le baromètre de l’investisseur s’est également interrogé sur les investissements dans les entreprises liées à la production d’énergie. Il s’agit d’un secteur important pour l’économie, qui a naturellement une place non négligeable dans de nombreux indices boursiers. Pour autant, si la production d’énergie est capitale pour le bon fonctionnement de l’économie, elle fait également débat sur le plan environnemental et climatique en particulier. Face à une gamme assez large de modes de production, on peut se demander quels sont ceux qui obtiennent les faveurs des investisseurs belges ? Avec 63% des investisseurs étant ‘’certainement’’ ou ‘’modérément’’ enclins à investir dans ses entreprises, le secteur de l’énergie à partir de sources renouvelables est largement plébiscité par les investisseurs. Seuls 25% n’y trouvent pas d’intérêt. Par ailleurs, 41% des investisseurs seraient également enclins à investir dans des entreprises actives dans les biocarburants (mais 41% des investisseurs ne le seraient pas). Par contre, seuls 26% des investisseurs pensent à investir dans des entreprises liées à l’énergie fossile ou nucléaire. Une large majorité d’investisseurs s’en désintéressent donc.

On notera enfin que les fervents défenseurs des investissements dans le secteur de l’énergie renouvelable sont plutôt les jeunes. 19% des investisseurs de moins de 35 ans pensent ‘’certainement’’ y investir, alors que ce pourcentage ne s’élève plus qu’à 9% parmi les 65-69 ans et même à 4% chez les personnes de plus de 70 ans.

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